Son accord commercial rattrapé par le coronavirus, Donald Trump durcit le ton avec la Chine
Relancée au début du mois, la rhétorique menaçante de la Maison Blanche à l’égard de la Chine s’est intensifiée cette semaine. Rattrapé dans les sondages par Joe Biden, son adversaire démocrate à la présidentielle, obligé de composer avec un bilan économique encore inimaginable il y a quelques mois, Donald Trump voit en outre son accord commercial avec l'empire du Milieu mis sur la sellette.
Par l’intermédiaire du Global Times, tabloïd chinois réputé proche du pouvoir, Pékin a fait savoir lundi qu’il envisageait de renégocier l'accord « à son avantage », échaudé par les propos du président des Etats-Unis accusant la Chine d’avoir délibérément fait circuler le coronavirus. Cette remise en cause paraît inacceptable pour Donald Trump, qui a arraché ce deal en janvier au prix de deux années d’âpres négociations. D’autant que le texte signé – un accord de « phase 1 » - n’est censé qu’être qu’un premier point d’étape à un dispositif de réciprocité commerciale qu'il souhaite bien plus ambitieux.
En quelques 72h, l'administration américaine a multiplié les attaques à l'encontre de la Chine pour la forcer à respecter ses engagements commerciaux, satisfaite de trouver au passage un excellent bouc émissaire au coronavirus et à la récession qui s'annonce.
Dans ce contexte économique inédit, en revanche, Washington doit repenser ses méthodes : la situation des entreprises américaines – touchées de plein fouet par les mesures de confinement – le contraint à innover sur le plan des sanctions, loin d’ignorer que la mise en place de nouveaux droits de douanes, sa principale arme de guerre depuis l’été 2018, viendrait encore fragiliser une industrie manufacturière nationale déjà asphyxiée par le Covid-19.
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« Covid-19 Accountability Act »
Si officiellement, la Maison Blanche n’a pas fermé la porte à ce levier de pression radicalement efficace, elle a donc décidé d’en activer plusieurs autres de façon simultanée, moins douloureux que les taxes commerciales pris individuellement, mais dont la synchronicité contraint la Chine à redoubler d’efforts diplomatiques à un moment où elle est sous le feu des projecteurs de la scène internationale.
Parmi les mesures annoncées cette semaine, un projet de loi de sénateurs républicains, « le Covid-19 Accountability Act », reprend le principal grief de Donald Trump à l'encontre de Pékin : celui de son manque de transparence dans la gestion de l’épidémie de coronavirus.
En réalité, cette législation est un peu plus fourre-tout : elle donnerait à la Chine 60 jours pour fournir au président américain et in fine au Congrès des explications exhaustives sur l’épidémie de Covid-19 en soutien des enquêtes menées par les Etats-Unis, leurs alliés, l’OMS ou l’ONU, mais aussi pour fermer ses marchés « à haut risque » et relâcher les militants hongkongais très récemment arrêtés par Pékin à la suite de manifestations pro-démocratiques dans l’ancienne colonie britannique.
Si la Chine ne satisfait pas l'ensemble de ces exigences – le plus probable – Donald Trump pourrait restreindre l’accès des entreprises chinoises aux banques et aux marchés de capitaux américains, geler des avoirs, interdire des entrées sur le territoire ou encore révoquer des visas. Encore faut-il que le projet de loi soit voté par le Capitole.
Dernier tweet en date du président américain sur l’accord commercial avec la Chine (13/05). Il qualifie le coronavirus de « peste venue de Chine » et suggère que l'accord a été entaché par la pandémie.
Histoire d’illustrer davantage la malveillance du pouvoir chinois sur la question du Covid, hier matin, le FBI et de l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (Cisa) ont déclaré qu’ils avaient pris la main dans le sac des hackers chinois tentant de dérober des recherches sur le développement d’un vaccin contre le coronavirus, qui visaient principalement des universités et des laboratoires pharmaceutiques.
Autre dispositif actionné cette semaine, évoqué pour des raisons de sécurité nationale et de violation des droits de l’homme : la mise en place d’un premier barrage à l’accès des compagnies chinoises aux capitaux de fonds de pension américain, une option déjà sur la table du Bureau Ovale, était particulièrement réclamée par une partie des élus républicains. Donald Trump et son secrétaire au Travail ont ordonné mardi au Federal Retirment Thrift Investment Board (FRTI), qui gère l’un des fonds de retraite des fonctionnaires fédéraux, de suspendre les 54,3 milliards de dollars d’investissements qui devait être réaiguillés le 1er juin dans un indice composé en partie d’actions d’entreprises de Chine continentale (MSCI ACWI).
Huawei toujours banni du marché américain de la 5G
Les Etats-Unis ont aussi prolongé pour un an l’interdiction de Huawei et ZTE de travailler avec des entreprises américaines. Déclarée d'urgence nationale, cette interdiction avait été prononcée en mai 2019, les autorités considérant que ces sociétés chinoises exploitaient les vulnérabilité du secteur des télécommunications américain à des fins d’espionnage.
Fleuron chinois de la 5G, Huawei est aussi au centre de la question de la protection de la propriété intellectuelle et du transfert de technologies forcé, deux sujets que Pékin et Washington étaient censés aborder au cours des négociations commerciales de « phase 2 ».
Enfin, le Sénat américain serait aussi en train de préparer un texte de loi visant à sanctionner la Chine pour violation des droits de l’homme à l’encontre des minorités ouighours. A l’automne dernier, en pleine crise de Hong Kong et au plus fort des négociations commerciales, une trentaine d’entreprises chinoises du secteur de la tech avaient été ajoutées à la « blacklist » de Washington pour des pratiques de surveillance illégales dans la région du Xijiang ; des restrictions d’accès aux visas américains avaient aussi été imposées à plusieurs officiels chinois, jugés complices ou responsables de la répression des Ouighours.
Un bras de fer parti pour durer ?
Face à cette salve de sanctions, la Chine a déjà fait savoir que le message est en partie passé. Soucieux de calmer le jeu, Pékin a annoncé hier la levée de ses droits de douanes sur 79 produits américains pendant un an, ainsi que des prévisions accrues d’achats de soja et de maïs pour les dix-huit prochains mois.
Mais la partie est loin d’être terminée. D’une part, la gestion de la crise du coronavirus, l'opacité et les réflexes de censure du pouvoir chinois ajouteront de l’eau au moulin de Donald Trump encore un long moment – très certainement jusqu’en novembre prochain, horizon des élections.
D’autre part, la récession économique va rendre d’autant plus difficile pour Pékin de tenir ses engagements prévus par l’accord commercial – déjà jugés ambitieux avant l’arrivée du Covid-19. « Même si la Chine a déjà procédé à des achats de produits agricoles américains, il lui sera difficile d’atteindre l’objectif d’une hausse de 77 milliards dollars fixé pour la première année alors que l’économie chinoise repart seulement, expliquait récemment Alexandre Baradez, Chief Market Analyst d’IG France, au magazine Capital. Le yuan offshore a perdu du terrain en mars et en avril pour revenir sur les niveaux qui étaient les siens, lors des phases de tensions en 2019, et qui ont précédé l’accouchement dans la douleur de la première phase de l’accord commercial. »
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