LES CONSÉQUENCES POLITIQUES
Thomas Hale
Professeur agrégé en politiques publiques globales, Université d’Oxford
Dans le processus international sur le climat, les pays vulnérables, en particulier les îles pacifiques, ont poussé les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre à les compenser pour les dommages et pertes liés au changement climatique. De lourds effets sur un pays développé comme l’Australie pourraient potentiellement faire évoluer les politiques. On pourrait passer d’une division simple entre pays développés et pays en voie de développement à une division plus transversale, renforçant les problèmes de déséquilibre de pouvoir dans le processus onusien.
Robert Kelly
Professeur de sciences politiques et diplomatie à l’Université nationale de Pusan
Les coûts pour inverser la tendance liée au réchauffement de la planète sont bien trop élevés, diffus et orientés vers le futur pour que les politiciens d’aujourd’hui prennent des risques électoraux et économiques. Des documentaires attristants sur le sujet seraient diffusés à la télévision, mais leur impact serait minime. Il faudrait une crise économique bien plus grave, causée par le réchauffement climatique, pour engendrer des changements de taille. À mes yeux, ce n'est pas un problème majeur. La plupart des effets du réchauffement climatique, comme la mort du récif corallien ou la fonte des glaces, sont maintenant des fatalités. Il y a des catastrophes écologiques inévitables mais elles arrivent lentement et les coûts incomberont aux générations futures. Cela laisse beaucoup de temps pour s’adapter. Les générations actuelles laissent porter à leurs enfants les coûts du réchauffement climatique par égoïsme. Peu de politiciens prendraient le risque d'assumer les coûts engendrés par des ajustements à un nouveau mode de vie visant à contrecarrer le réchauffement de la planète. Le récif est déjà condamné et va attirer l’attention parce que c’est un sujet médiatisé. Mais cela ne changera rien.
Christopher Beauchamp
Analyste des marchés, IG
Il pourrait y avoir un retournement politique en faveur du Green Party en Australie, ce qui pourrait déséquilibrer la politique intérieure du pays. On pourrait voir émerger un parti cherchant à réduire la pollution et légiférer sur des mesures qui viseraient à combattre les effets de la pollution. Cela pourrait ouvrir la marche à des changements ailleurs dans le monde – d’autres pays observeraient ce qui se passe là-bas et noteraient les changements dans la bonne direction induits par un parti aux politiques vertes.
LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
Thomas Hale
Professeur agrégé en politiques publiques globales, Université d’Oxford
Les effets sur le tourisme et la pêche seraient graves à l’échelle locale mais sans plus. Les entreprises innovantes de biotechnologie pourraient en souffrir également, car elles cherchent de plus en plus des composés médicaux dans la biodiversité des océans.
Robert Kelly
Professeur de sciences politiques et diplomatie à l’Université nationale de Pusan
Cela provoquerait un petit choc dans l’industrie du tourisme en Australie.
Christopher Beauchamp
Analyste des marchés, IG
Ces éléments tendraient à se répercuter sur tout le système. Une hausse des impôts sur les industries, visant à introduire une législation climatique, pourrait nuire à la croissance à court terme. Mais le fait d'encourager le développement d’autres formes d’énergies et d’industries pourrait avoir un impact positif sur la croissance dans d’autres secteurs. De nouvelles industries pourraient fleurir, il y aurait certainement une progression du solaire et d’autres ressources énergétiques, alors que les industries traditionnelles pourraient reculer. Ces éléments peuvent donc avoir des effets dans les deux sens.
LES CONSÉQUENCES FINANCIÈRES
Thomas Hale
Professeur agrégé en politiques publiques globales, Université d’Oxford
Il y a une vague de litiges liés au climat qui surgit un peu partout dans le monde. Des entreprises, mais aussi des États sont attaqués en justice pour leur inaction ou leur responsabilité face au changement climatique. Ces procès vont continuer à se développer et pourraient avoir un impact important sur le secteur, un peu comme les recours en justice dans l’industrie du tabac. La disparition de la Grande Barrière de corail verrait l’émergence de nouveaux plaignants, comme les pêcheurs ou les entreprises de voyages et peut-être même l’État australien ou celui du Queensland.
Christopher Beauchamp
Analyste des marchés, IG
Le dollar australien pourrait être touché avec la contraction du tourisme – une inquiétude pointe dans ce sens. Cela dépend aussi des effets en réaction qu’auraient les politiques mises en place pour contenir une éventuelle inquiétude concernant la croissance économique, au moins sur le court terme. Cela pourrait entraîner un glissement de la devise australienne à plus court terme. Cela a bien sûr ses bons côtés, car une monnaie moins forte favorise la croissance économique.
LES CONSÉQUENCES SOCIALES
Christopher Beauchamp
Analyste des marchés, IG
Avec le recul du tourisme, l’Australie pourrait adopter une approche un peu plus insulaire mais je pense que c'est une conclusion qu’il faut prendre avec des pincettes. Les gens vont à la Grande Barrière de corail mais le pays regorge d'autres richesses touristiques. C'est pourquoi je pense qu'il ne faut pas être alarmiste en surestimant les risques.
Thomas Hale
Une crise aussi visible que celle-ci pourrait être le point de départ pour engendrer plus de soutien concernant la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique.
LES CONSÉQUENCES SOCIALES