La Fed décevera Trump, qu’en sera-t-il des marchés ?
La Réserve fédérale va-t-elle baisser ses taux d’intérêt directeurs pour la première fois depuis plus de dix ans ? Après des semaines de spéculation sur la réalité d’un assouplissement de la politique monétaire américaine, la Fed va mettre fin à ce suspense rhétorique ce soir à 20h. La surprise est toute relative alors que la probabilité d’une baisse des taux à l’issue de ce rendez-vous estival caracole à… 100% depuis la fin juin, d’après le baromètre FedWatch de CME.
L’éventualité d’une baisse des taux est sur la table depuis le début de l’année, lorsqu’après avoir procédé à une dernière augmentation en décembre 2018, la Fed a pris une tournure accommodante en janvier, à la lumière de négociations commerciales sino-américaines laborieuses, d’une issue du Brexit toujours incertaine et d’un ralentissement de la croissance mondiale.
Les « courants contraires » de l’expansion américaine
Ecartant dès le mois de mars de nouvelles hausses en 2019 au profit d’une posture « patiente », la Fed a promis depuis « d’agir de façon appropriée » pour soutenir l’expansion économique des Etats-Unis à la lumière de deux spectres : les pressions sur l’inflation, toujours faiblarde, et les risques qui pèsent sur cette expansion – ces « courants contraires » soulignés par Jerome Powell lors de son audition semestrielle du 10 juillet devant le Congrès américain.
Au premier semestre, le contexte international et économique a pesé davantage sur le niveau de ces risques : l’échec de Theresa May à obtenir le blanc-seing parlementaire de son accord sur le Brexit avec Bruxelles, sa démission et l’arrivée de Boris Johnson au 10th Downing Street ont accru la menace d’un scénario de no-deal, de nouvelles sanctions commerciales américaines sur les importations chinoises ont interrompu pendant six semaines le cours de leurs négociations, de vives tensions se sont ravivées avec l’Iran, les indices économiques sont ressortis en demi-teinte côté américain, et furent clairement mauvais pour les pays émergents, mais aussi en Europe, et notamment en Allemagne… Dans ce contexte, et au fil des interventions ponctuelles des différents membres du FOMC, l'éventualité d'une baisse des taux s'est transformée en forte probabilité, puis en certitude dans les jours qui ont suivi sa dernière réunion du 19 juin.
25 ou 50 points de base ?
Depuis, la nature du débat qui alimente la sphère financière est de savoir quel sera le niveau de cette baisse : 25 ou 50 points de base ? Si la première option reste de loin la plus plausible, de récentes interventions des banquiers centraux, celle de Powell devant le Congrès américain, puis celle du président de la Fed de New York, John Williams, le 18 juillet, ainsi qu’une décision de politique monétaire européenne très dovish jeudi dernier, ont fait pencher davantage d’observateurs vers la deuxième hypothèse.
Mais devant l’euphorie avec laquelle les marchés ont accueilli l’intervention de Williams, prônant des baisses de taux « de précaution », la Fed s’est empressé de recadrer sa communication qui ont suivi en précisant que son discours était de caractère « académique » et ne portait pas sur les prochaines actions de politique monétaire du FOMC.
Ce décryptage, ensuite confirmé par son principal intéressé, n’a d’ailleurs pas plu au président des Etats-Unis qui a déclaré « avoir largement préféré la première déclaration de John Williams à la seconde ».
Fidèle à lui-même, et surtout aux marchés, Donald Trump n’a pas manqué de se mêler au débat. Ces derniers jours sur Twitter et face à la presse, le président américain n’a pas hésité à invectiver la Fed, lui assenant d'opter « pour une forte baisse des taux d’intérêt ». « Je suis très déçu par la Fed » a-t-il déclaré alors que la banque centrale allait débuter sa réunion, « mon prédécesseur Barack Obama avait des taux d'intérêt zéro ».
Indicateurs économiques
Autres indicateurs ne plaidant pas en faveur d’une baisse de 50 pb : exception faite d’une activité manufacturière toujours morne, les dernières statistiques économiques des Etats-Unis sont ressorties globalement au beau fixe : le PIB du 2e trimestre, à 2,1%, est meilleur qu’anticipé, tout comme l’inflation – qui progresse de dix points de base en juin – les commandes de biens durables, la confiance des consommateurs, et, encore aujourd’hui, le rapport ADP de l’emploi…
En parallèle, le cas iranien semble traverser un statut quo depuis une bonne semaine tandis que les négociations avec Pékin ont repris leur cours, avec une nouvelle rencontre des délégations américaines et chinoises à Shanghai, terminée aujourd’hui, et dont l’issue reste à ce stade des communications sans grande substance, mais rassure logiquement sur la poursuite des travaux.
Bref, les différents indicateurs du tableau de bord officiel de la Fed ne se sont pas noircis en juillet, et dans ce contexte, la probabilité d’une baisse de 50 pb est passée de 32,3% il y a un mois, à 21,9% ce mercredi 31 juillet.
Et les marchés ?
Au-delà de l’annonce d’une baisse des taux de 25 pb – qu’en réalité, les marchés ont déjà acheté à la faveur d’un rallye spectaculaire depuis le début de l’année, ce sont surtout les déclarations de Jerome Powell et les termes choisis dans le communiqué pour justifier la décision de politique monétaire qui seront scrutés par les investisseurs ce soir.
Les réactions de marché sont délicates à anticiper. La porte ouverte à une deuxième baisse des taux dans les prochaines semaines pourrait emballer les investisseurs – à moins qu’elle soit accompagnée de perspectives d’expansion économiques particulièrement pessimistes. Si cette première baisse est présentée de façon plus « corrective » - marquant plutôt la volonté de la Fed de faire un pas en arrière et de revenir par prudence sur sa dernière hausse de décembre, elle pourrait plutôt « décevoir » à très court terme mais ensuite générer un rebond sur une vision de la croissance américaine globalement favorable. Réponse à 20h !
- Suivez ce soir à partir de 19h30 le LiveTweet d’ @IGFrance et l’intervention en duplex d’Alexandre Baradez, Chief Market Analyst, sur BFMBusiness à partir de 20h10
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