Action Renault : la fusion avec Fiat-Chrysler, ce ne sera pas pour tout de suite

Le titre Renault va-t-il endosser l’habit de lanterne rouge aujourd’hui sur le CAC 40 ? Fiat-Chrysler Automobiles a retiré cette nuit son offre de fusion avec Renault après que l’Etat français et Nissan, les deux principaux actionnaires du groupe français, se sont opposés aux conditions de ce mariage à 50/50.

Au terme de plusieurs heures de réunion mercredi soir au siège de Boulogne-Billancourt, les membres du conseil d’administration de Renault ont décidé de repousser leur décision à mardi prochain sur la proposition de fusion de FCA. La réaction de son prétendant ne s’est pas fait attendre : Ce report a entraîné Fiat-Chrysler à retirer cette nuit son offre de mariage à 50/50.

Une proposition de mariage saluée par les marchés

Particulièrement bien accueillie par les marchés, la proposition de FCA a été formulée à Renault le 27 mai. Elle avait entraîné le cours de l’action à un pic de 58,33€ pour clôturer à +12,09 % à 56,03€. Depuis, le titre a corrigé une partie de ses gains.

Les réserves émises par l’Etat français depuis quelques jours et les rumeurs sur l’issue du conseil d’administration de Renault ont déjà entraîné hier le cours de l’action dans le rouge, qui s’est replié de 0,65 % pour finir la séance à 56,20€. En retirant son offre cette nuit, FCA devrait doucher les espoirs des investisseurs et plomber le cours du titre, même si le projet de fusion ne serait pas encore complètement enterré.

Opposition de l’Etat français et de Nissan

Les volontés de FCA doivent en réalité composer avec non pas un partenaire, Renault, mais trois : l’Etat français, l’actionnaire le plus important du constructeur qui possède 15,5 % du capital, ainsi que Nissan, dans le cadre de leur alliance franco-japonaise, également actionnaire de Renualt à hauteur de 15 %, souhaitent aussi être de la partie.

Si le gouvernement français avait accueilli la proposition de FCA plutôt favorable, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait posé plusieurs conditions à cette fusion : que les sites industriels français (et leurs emplois) soient préservés, que la fusion soit réalisée dans le cadre de l’alliance avec Nissan, que les intérêts français soient bien représentés dans la future gouvernance, et que le groupe participe à la commande des futures batteries européennes.

Ces exigences, notamment celle pour l’Etat français de disposer d’une représentation au conseil d’administration du futur groupe, n’auraient pas plu à la famille Agnelli, qui contrôle FCA. D’après des informations des Echos, elle s’inquièterait par ailleurs de la position de Nissan dans cette fusion.

Le Voyage à Tokyo

Le ministre de l’Economie français doit se déplacer d’ici la fin de la semaine au Japon pour rencontrer son homologue japonais. Nissan, initialement exclu de l’offre de FCA, a été joint aux discussions il y a quelques jours. Le constructeur japonais a indiqué qu’il ne donnerait son feu vert à la fusion qu’après avoir étudié le dossier en détail.

Diffusé ce matin, un communiqué de Bercy indique que « Bruno Le Maire prend acte de la décision de FCA de retirer son offre de fusion avec Renault ».