Michelin : les résultats financiers seront-ils impactés par le coup de frein du secteur automobile ?

En attendant la publication de ses résultats semestriels ce jeudi, après la fermeture des marchés, le cours de l’action Michelin (Cie Generale des Etablissements Michelin) compte parmi les plus fortes baisses de la séance, à -1,64% quelques minutes avant la clôture, à 108,2€.

Les investisseurs semblent anticiper avec frilosité l’état des finances du leader mondial des pneumatiques, mais se détournent également de cette valeur considérée comme défensive dans une ambiance « post BCE », le groupe clermontois ayant la particularité d’être moins exposé que ses concurrents à la conjoncture de la filière automobile, grâce à sa forte part de marché des pneus de remplacement.

Malgré un marché automobile en décrochage au mois de juin (-7,8% en Europe selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles), Michelin va-t-il parvenir à ne pas rater le consensus ?

Fébrilité de la demande de première monte en Eruope et en Chine

Si le groupe devrait profiter notamment d’un bon mix prix, s’évertuant à monter en gamme son catalogue de produits, les gains de marge qui en découleront devront compenser une demande fébrile dans l’automobile, Michelin ayant indiqué il y a une dizaine de jours que celle de première monte pour les véhicules de tourisme et les camionnettes avait « poursuivi sa forte baisse », en Europe et en Chine en juin, malgré un léger rebond en Amérique du Nord.

Mais les pneus de remplacement – son principal marché – sont également en difficulté. Le mois dernier, leur demande a été orientée à la baisse « dans toutes les régions sauf en Chine », alors qu’en parallèle, la concurrence des importations de pneus en Europe « a connu une hausse significative » a indiqué le groupe.

Pour autant, l’activité automobile ne représente qu’un peu plus de la moitié de son chiffre d’affaires : Michelin pourra néanmoins compter sur les activités de spécialité, qui ont progressé de 5 % (hors contribution de Fenner et Camso récemment acquis) au 1^er trimestre, dans un contexte d’incidents logistiques pour les pneus miniers.

Objectifs et prévisions annuels

Sur l’ensemble de l’année 2019, le groupe avance un scénario de marché tablant sur 0 à 1% de croissance pour l’activité de tourisme, d’une baisse de 1% pour les poids lourds et de 3 à 5 % pour ses activités de spécialités, notamment soutenues par la demande du secteur minier. Les effets de change devraient lui profiter mais l’augmentation des matières premières et les douanes devraient impacter ses résultats de 100 millions d’euros. Le fabricant français vise dans ce contexte un résultat opérationnel (hors contribution de Camso et Fenner) supérieur à celui de 2018, et un free cash flow supérieur à 1 450 millions d’euros.

Selon les données compilées par S&P Global Market Intelligence, le consensus des analystes anticipe un résultat opérationnel de 4621 millions d’euros en 2019, contre 4119 millions d’euros en 2018, pour un actif net par action de 74,7€ contre 67,8€ en 2018.

Cours CFD de l’action Michelin – données hebdomadaires – Mai-Juillet 2019

L’objectif de cours moyen ressort à 122,23€, avec une recommandation « accumuler ». Après son warning sur la demande de pneus au mois de juin, Berenberg est resté à la vente avec un objectif de cours relevé de 95 à 100€.