EUR/GBP : la livre sterling bousculée par les rebondissements du Brexit

Après avoir rebondi hier en fin d’après-midi face à l’euro à 0,87 £ lorsque Theresa May a proposé aux députés britanniques de voter sur la tenue d’un second référendum s’ils signaient son projet d’accord (et avant sa ratification), la livre sterling a ensuite rapidement cédé du terrain hier soir. Elle continuait ce matin de se replier, à 0,88 £ (EUR/GBP).

L’annonce de Theresa May ne change pas la donne, la livre se replie rapidement

Si le marché d’abord a accueilli positivement l’annonce de la Première ministre britannique, il s’est vite replié en constatant que la proposition de la cheffe de file du parti conservateur ne devrait pas changer en substance le blocage politique que connait le Royaume-Uni depuis des semaines.

Présentée comme sa solution de « dernière chance », la proposition de Theresa May d’hier soir inclut également le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière de façon temporaire, une semi-concession accordée à l’opposition travailliste qui demande à ce que ce maintien soit permanent, et avec qui les pourparlers avaient été officiellement rompus vendredi dernier.

Elle a également énuméré un ensemble de concessions relatives à la protection des travailleurs et de l’environnement, également réclamées par l’opposition travailliste.

Nouveau vote du Brexit début juin

Ces nouvelles annonces qui tentent de rallier une majorité de députés de la Chambre des communes au texte d’accord acté avec Bruxelles en novembre 2018 ne semblent avoir convaincu ni le Labour ni les partisans d’un hard brexit côté conservateur. Le député travailliste, Jeremy Corbyn a déjà indiqué que son parti ne soutiendrait pas ce nouvel accord, qualifié de « version réchauffée de l’ancien ».

Le cours de la monnaie britannique a été particulièrement chamboulé ces dernières semaines. Emprunt aux réguliers rebondissements du Brexit, il a touché ce matin un nouveau point bas depuis début janvier 2019.

Le Royaume-Uni devait initialement sortir de l’Union européenne le 29 mars dernier. Mais le pays, qui n’a pas obtenu la ratification du Parlement, a par deux fois demandé un report du Brexit.

Il dispose d’un nouveau délai, jusqu’au 31 octobre prochain, pour ratifier le projet d’accord de sortie convenu avec Bruxelles et éviter une sortie sans deal. Theresa May, qui a déjà essuyé trois refus de la Chambre des Communes, souhaite représenter son texte pour la 4^e fois au début du mois de juin, principal événement auquel sera confronté le cours de la livre dans les deux prochaines semaines.

La Première ministre a promis de démissionner après ce vote selon un agenda qui n’a pas encore été défini.

En cas de nouveau rejet du texte, plusieurs scénarios restent ouverts, dont l’organisation de nouvelles élections générales et d’un nouveau référendum sur le Brexit, deux situations qui pourraient rebattre les cartes du futur du Royaume-Uni au sein de l’Europe.