Prix du pétrole : le cours du baril touche un plus bas de deux mois

Empreint à une forte volatilité depuis le début du mois, les cours du pétrole ont atteint un plus bas depuis plus de deux mois à New York et Londres sur fonds de tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Mais les frictions politiques dans le golfe Persique, et le dernier coup d'éclat de Donald Trump à l'encontre du Mexique, ont également participé à faire baisser le prix du baril.

Tensions au Moyen-Orient

Les tensions entre l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et d’autre part l’Iran sont montées d’un cran depuis un mois, Washington ayant mis fin aux exemptions d’embargo sur les exportations de pétrole iranien le 1^er mai et procédé au déploiement d’un nouvel arsenal militaire dans la région (porte-avion, B-52 et, plus récemment, la préparation d’un contingent de 1500 soldats supplémentaires).

Il y a une quinzaine de jours, quatre navires dont trois pétroliers – deux des Emirats et un norvégien – ont subi des sabotages le détroit d’Ormuz. Une attaque de drones, revendiquée par les Houthis yéménites, a également endommagé un oléoduc saoudien.

Après que le conseiller américain à la sécurité nationale a affirmé que l’Iran était « très vraisemblablement » derrière le sabotage des quatre navires, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a accusé hier Téhéran d’avoir réalisé ces actes de sabotage afin de manipuler les cours du pétrole.

Publié également hier, le rapport de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (AIE) a par ailleurs montré que le niveau des stocks de brut aux Etats-Unis n’a reculé que de 282 000 barils alors que le consensus Reuters tablait sur une baisse de 857 000 barils, pour s’établir à un rythme de production de 12,3 millions de barils par jour. Des statistiques qui ont de nouveau entraîné le cours du baril dans le rouge jeudi, en décrochage de 5 %.

La taxation des importations mexicaines pourrait affecter l’offre de pétrole

Ce vendredi, après l’annonce surprise de Donald Trump relative à la mise en place de droits de douanes sur les importations mexicaines, les cours du brut ont continué de se replier.

D’après le cabinet d’analyses JBC Energy, cité par le site Internet suisse Allnews, l’offre de pétrole devrait être affectée par ces nouveaux droits de douanes américains s’ils touchent le pétrole.

JBC Energy indique que 660 000 barils de pétrole mexicain ont été débités vers les Etats-Unis ce mois-ci, un chiffre en augmentation depuis que le brut extrait au Mexique, plus lourd que le WTI, est venu remplacer les productions iranienne et vénézuélienne sous embargo.

Dans ce contexte de tensions généralisées, le WTI a perdu depuis hier 1,76$ soit plus de 3 % à 54,83$ le baril sur le New York Mercantile Exchange, à son plus bas niveau depuis le 8 mars dernier. A Londres, le Brent reculait de 2,17$, soit 3,3 % à 64,70$.

Les réductions de production de l’Opep et ses alliés (Opep+) adoptées depuis le début de l’année n’ont pas suffi à soutenir les prix du brut ces dernières semaines, qui restent sous pression dans un contexte international particulièrement tendu aux yeux des investisseurs. La question d’un prolongement de ces restrictions sera tranchée lors de la prochaine réunion de l’Opep, qui se tiendra fin juin ou au début du mois de juillet.

Analyse technique du cours du Brent

Le cours du pétrole Brent accélère sa tendance baissière et corrige maintenant de plus de 15 % depuis le plus haut annuel à 74,86$ et atteint en avril.

Evoluant maintenant sous la moyenne mobile 100 périodes en hebdomadaires, le cours du pétrole Brent devrait poursuivre sa tendance baissière à court terme et pourrait rejoindre le support situé à 61,08 dollars. Nous surveillerons un éventuel retour au-delà du plus bas de mars, situé sur le seuil des 64$ car cela pourrait permettre au baril de Brent de rebondir et de venir tester le seuil des 65 dollars par la suite.

Analyse : Vincent Boy