Cryptos : le Congrès américain demande à Facebook de mettre en suspens le projet Libra

Moins d’un mois après avoir dévoilé son grand projet de cryptomonnaie baptisée Libra, Facebook a déjà fait face à de nombreuses levées de boucliers de part et d’autre de l’Atlantique. Etats, banques centrales, et dans une moindre mesure établissements bancaires, s’attachent à dénoncer les risques d’hégémonie monétaire et d’exploitation de données personnelles qu’un tel projet pourrait donner à Facebook.

Après l’Union européenne, c’est au tour des Etats-Unis de mettre des bâtons dans les roues à Marc Zuckerberg. D’après une information des Echos publiée ce matin, le Congrès américain a demandé mercredi au réseau social de stopper à ce stade son projet Libra, qui est censé voir le jour dès l’année prochaine.

Dans une lettre envoyée au patron de Facebook, à la COO Sheryl Sandberg et au directeur du projet Libra David Marcus, des élus américains demandent un « moratoire » sur le sujet afin d’organiser des auditions publiques pour déterminer « les risques et les avantages de cette cryptomonnaie et réfléchir à des réponses législatives ».

Des « risques systémiques » menaçant les places financières

« Si des produits et services comme ceux-ci ne sont pas réglementés correctement et sans surveillance suffisante, ils peuvent présenter des risques systémiques mettant en péril la stabilité financière aux Etats-Unis et dans le monde », plaident les élus dans la lettre. « Ces risques sont encore plus criants à la lumière du passé trouble de Facebook, qui n'a pas toujours protégé les informations personnelles de ses utilisateurs ».

Groupe de travail crypto au G7

Présentée il y a trois semaines par Marc Zuckerberg, la Libra permettra à ses utilisateurs de transférer des fonds instantanément et sans frais. Cette cryptomonnaie sera administrée par Facebook ainsi que 27 entreprises (dont Uber, Spotify, Visa, Booking ou encore Iliad). A terme le consortium souhaite regrouper une centaine de sociétés, chacune devant apporter une réserve de 10 millions de dollars. Les fonds de réserve seront placés sur des comptes bancaires en dollars, euros, yens et livre sterling.

Dans les jours qui ont suivi, le G7 a annoncé la création d’un groupe de travail sur les cryptomonnaies, dont le Libra de Facebook. Ce groupe, présidé par Benoit Cœuré, membre de la BCE, sera constitué de représentants de la Banque centrale. Impulsé par la France, qui préside cette année le G7, il entend fixer un cadre « afin que la future cryptomonnaie ne reste qu'un instrument de transaction sans devenir une monnaie souveraine ».