Google rompt ses relations commerciales avec Huawei

Nouveau coup dur pour le groupe chinoise Huawei. Le n°2 mondial des smartphones et leader des équipements 5G devra bientôt se passer des services d’Android, le système d’exploitation de Google (Alphabet) qui équipait jusqu’à présent tous ses téléphones.

Google, le géant américain du moteur de recherche éponyme, a annoncé dimanche qu’il avait suspendu ses relations commerciales avec Huawei, une décision qui suit le placement de cette dernière sur une liste noire du Bureau de l'industrie et de la sécurité (BIS), l’interdisant de fournir ou d’acheter des équipements et des technologies à des entreprises américaines sans autorisation expresse de l’administration fédérale. L’inscription de Huawei sur cette liste, sur laquelle avait déjà figuré pendant plusieurs mois une autre entreprise chinoise du secteur, ZTE.

Elle est concomitante à l’adoption, par Donald Trump, d’un décret interdisant aux entreprises américaines d’utiliser des équipements de télécommunication de sociétés pouvant potentiellement menacer la sécurité des Etats-Unis, l’une des représailles du pays envers la Chine dans le cadre de leur guerre commerciale récemment réanimée.

Les futures smartphones Huawei contraints d’utiliser la version « open source » d’Android

Concrètement, la fin des relations entre Google et Huawei signifie que les futures modèles de smartphones de Huawei ne pourront plus utiliser « que la version publique d’Android et ne pourront pas accéder aux applications et services propriétés de Google », a indiqué une source à l’AFP. La version open source d’Android, gratuite, propose une assistance technique et un nombre de services plus limités.

En revanche, les smartphones de Huawei déjà en circulation pourront continuer d’utiliser la version propriétaire – et donc complète – du système d’exploitation de Google.

Le bannissement de Huawei va rejaillir sur un ensemble de fournisseurs

Google justifie cette décision d’un point de vue légal, déclarant se plier au nouveau décret en vigueur. Mais le bannissement de facto de Huawei du marché américain devrait également impacter un ensemble de sociétés américaines du secteur.

Après les sociétés chinoises, les entreprises américaines sont la deuxième nationalité la plus représentée parmi les fournisseurs de Huawei, dont il achète 11 milliards de dollars de composants chaque année sur un total de 67 milliards de dollars d’achats. Les plus importantes en termes de volume d’affaires sont les sociétés Flex, Broadcom et Qualcomm. Pour certaines, Huawei représente une partie importante de leurs revenus, comme NeoPhotonics mais aussi Lumentum et Qorvo.

Huawei « préparé » à se passer des fournisseurs américains

Lors d’une conférence de presse samedi, le CEO de Huawei, Ren Zhengfei, a indiqué son entreprise allait continuer de produire ses propres puces électroniques pour compenser l’impact de la décision des Etats-Unis, et qu’elle était préparée à se passer des fournisseurs américains. Se défendant d’avoir violé la loi, le président de Huawei a par ailleurs déclaré que l’impact de ce bannissement serait « limité » et qu’il ne changerait pas son management à la demande des Etats-Unis, ou se laisserait contrôler par eux, « comme l’avait fait ZTE »

STMicroelectronics maintiendrait pour l’heure son business avec Huawei

Autre partenaire important de Huawei, le fabricant de semi-conducteurs franco-italien, prévoirait de maintenir ses relations commerciales avec l’entreprise chinoise, selon le journal économique japonais Nikkei Asian Review, mais le spécialiste n’a pas souhaité commenter cette information. D’après le Nikkei, l’autre grand fabricant européen de puces électroniques, l'Allemand Infineon, aurait pour sa part décidé de suspendre ses livraisons auprès de Huawei.