La BCE n'augmentera pas ses taux d'intérêt en 2019

Update - 15h39

En quelques semaines, la BCE est passée d'une position plutôt attentiste à un cap assurémment "dovish". La Banque centrale européenne a indiqué cet après-midi qu'elle ne touchera pas au niveau de ses taux d'intérêt avant la fin de l'année. A l'issue de sa précédente réunion de politique monétaire, l'institution s'était donné un horizon plus court - "jusqu'à l'été 2019" - pour procéder à une éventuelle hausse des taux.

Mais la décélération de la croissance européenne, les inconnues du Brexit et de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis l'ont résolue à repousser aux calandes grecques le resserement de sa politique monétaire, en indiquant en ces termes que "le Conseil des gouverneurs prévoit que les taux d'intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels au moins jusqu'à la fin et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l'inflation vers des niveaux inférieurs, mais proches de 2 %".

Quelques semaines seulement après avoir mis fin à son programme de rachats d'actifs, la BCE se retrouve à nouveau à faire l'usage d'instrument de stimulation monétaire "non conventionnels" : le lancement de prêts bonifiés, les TLTRO, est annoncé pour le mois de septembre. D'une durée de deux ans, plus courte que ceux qu'elle avait précédemment lancés, ces prêts (baptisés TLTRO-III) prendront ainsi fin en 2021 et seront proposés à taux variable.

Projections de croisssance et d'inflation

Lors de sa conférence de presse de 14h30, le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé des prévisions de croissance et d'inflation fortement abaissées par rapport à ses projections de décembre :

Les projections de la BCE pour 2019 sont beaucoup plus dovish qu'en décembre dernier, mais celles de 2020 et 2021 restent plutôt fermes.

Le président de la BCE a souligné qu'un certain nombre de risques exogènes sur les économies européennes ne permettaient pas de se projetter avec grande certitude sur l'année en cours et qu'une "politique fortement accommodante est toujours nécessaire" pour soutenir les objectifs d'inflation "en dessous mais proches de 2 %".

"Il n'est pas sûr que nos mesures puissent corriger les conséquences de ces facteurs [citant le Brexit, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi que la situation des pays émergents] mais elles sont destinées à renforcer la résistance et la résilience de l'économie européenne", a-t-il précisé, en illustrant ensuite sa stratégie par la métaphore suivante : "Dans une pièce sombre, vous avancez à petits pas, vous ne courrez pas mais continuez de bouger".

Mario Draghi a par ailleurs précisé que l'ensemble des décisions de politique monétaire présentées aujourd'hui avaient été prises à l'unanimité mais que certains des membres du Conseil des gouverneurs avaient proposé d'étendre ces orientations jusqu'au mois de mars de l'année prochaine (en n'augmentant donc pas les taux d'ici là). Des propos ouvrant la porte à encore davantage de souplesse de la part de la banque centrale si les conditions économiques continuent à se dégrader les prochaines semaines...