La guerre commerciale de Donald Trump

La Chine, l’Union Européenne, le Mexique, le Japon ou encore l’Inde. Les Etats-Unis poursuivent une guerre commerciale sans précédent et sont en train de remettre en cause plusieurs décennies de progrès liés à la mondialisation et au libre-échange. L’OMC, créée pour réguler et règlementer le commerce international, reste impuissante.

Chine : Guerre totale ou bluff de Donald Trump ?

La Chine et les Etats-Unis sont en conflit depuis plus d’un an et juin pourrait être le mois des dérapages incontrôlables ou d’un retour à la réalité. En effet le président américain doit se prononcer sur la mise en place des droits de douane sur l’intégralité des importations en provenance de Chine.

De nombreux acteurs majeurs du marché ont déjà prévu qu’en cas de mise en place de telles taxes il y aurait de fortes chances de récession aux Etats-Unis, à l’image de Morgan Stanley qui voit une récession à 9 mois si de nouveaux tarifs sont mis en place.

Japon : une rencontre cordiale mais déjà des menaces de droits de douane

Donald Trump était en visite au Japon la semaine dernière et n’a pas manqué de rappeler que le Japon devait baisser ses droits de douane sur les produits agricoles américains sans quoi les Etats-Unis se verraient contraints d’imposer des taxes sur l’importation de voitures et de pièces détachées aux USA provenant du Japon.

La grande majorité du déficit commercial des Etats-Unis avec le Japon provient du secteur automobile et de l’importance des exportations des constructeurs et des équipementiers japonais vers les USA.

Mexique : levée des taxes sur l’alu et l’acier, retour des taxes sur tous les produits…

Alors que le Mexique, le Canada et les Etats-Unis étaient en passe de ratifier le nouveau traité commerciales USMCA en remplacement du NAFTA, le président américain avait alors supprimé toutes les taxes sur l’acier et l’aluminium importé aux USA, le 17 mai.

13 jours plus tard Donald Trump annonce des droits de douane sur l’intégralité des produits importés du Mexique de 5% à partir du 10 juin. Ces dernières devraient progresser de 5 points par mois pour atteindre 25% en octobre prochain.

Australie : Trump aurait souhaité imposer des droits de douane

L’Australie aurait échappé de peu à de nouveaux droits de douane sur les importations américaines, notamment d’aluminium. En effet l’Australie est l’un des rares pays à être exempté de droits de douane sur la production d’aluminium et d’acier à destination des USA et a d’ailleurs profité de ces sanctions pour augmenter de 45% ses envois d’aluminium vers les Etats-Unis.

L’exemption « offerte » par Donald Trump lui-même en 2018 semble maintenant lui déplaire mais son administration lui aurait rappelé que l’Australie est un allier important, conduisant le président américain à faire machine arrière, selon la presse.

GSP : après la Turquie en mai, au tour de l’Inde en juin

Le GSP (Generalized System of Preferences) est une liste de pays bénéficiant de suppression de droits de douane sur une partie des exportations vers les Etats-Unis, afin de soutenir leur croissance. La Turquie a été retiré officiellement le 17 mai dernier et l’Inde devrait en sortir le 5 juin prochain, soit mercredi.

A titre indicatif l’Inde a profité de cette mesure à hauteur de 5,7Mds$ en 2017, la même année le déficit américain face à l’inde s’est élevé à 27,3Mds$. Par ailleurs l’inde vient de réélire Modi pour un nouveau mandat de 5 ans à la tête du second pays le plus peuplé au monde.

Modi, considéré comme nationaliste, devrait défendre les intérêts de son pays et pourrait continuer, voire accélérer les mesures à l’encontre des Etats-Unis, comme la hausse régulière des droits de douane.

Union Européenne : la guerre de trop de Donald Trump ?

Après la Chine, le président américain a une autre guerre commerciale à engagée qui pourrait être aussi difficile à conclure que celle engagée il y a un an avec la Chine. Le secteur auto, Airbus ou encore le vin pourrait être touché par des droits de douane sur les exportations vers les Etats-Unis.

Trump : La chine renfloue les caisses des Etats-Unis. Fiction ou réalité ?

Donald Trump soutient que la guerre commerciale est positive pour les Etats-Unis car la Chine et les autres partenaires commerciaux des USA paient des droits de douane sur leurs exportations.

En réalité ce sont les producteurs américains et donc les consommateurs des produits qui supportent la hausse des prix des produits. L’impact sur les sociétés étrangères est seulement la baisse des quantités vendues, qui peux conduire à une baisse des prix pour soutenir la demande mais en aucun cas le paiement des taxes américaines.

Donald Trump connait la force des Etats-Unis entant que plus grande société de consommation mondiale mais la Chine et l’Inde seront bientôt les plus importantes, compte tenu de la population qui dépasse largement celle des Etats-Unis.

Un conflit commercial avec les deux économies qui seront bientôt celles qui consomment le plus pourrait coûter quelques 2,5 milliards d’individus aux entreprises américaines.

Trump : une stratégie commerciale ou présidentielle ?

Alors ou est l’intérêt de Donald Trump ? La réduction du déficit commercial des Etats-Unis, ralentir le développement de la Chine dans sa course à la 1^ère place (1^ère économie mondiale) ou les élections présidentielles de 2020 ?

Le PIB américain se maintient au T1 à plus de 3% mais cela est dû en grande partie aux droits de douane (payés par les producteurs américains) et aux stocks qui se sont accumulés du fait des taxes à l’export. On peut penser que la baisse des impôts annoncée par Donald Trump l’an dernier permet aux consommateurs et aux entreprises de financer les droits de douane.

Ce mécanisme peut également expliquer une faible inflation, car malgré une activité soutenue par l’incitation fiscale de Trump, la consommation ne progresse pas d’avantage car les taxes ne permettent pas aux américains de consommer plus. De plus la baisse des taxes l’an dernier permet probablement aux entreprises de ne pas répercuter immédiatement la hausse des prix sur le prix proposé aux consommateurs.

Conclusion : rendez-vous en 2020 ?

La route vers la maison blanche est ouverte et le président actuel devrait annoncer officiellement être candidat pour un second mandat le 18 juin. En analysant les mesures misent en place, les retours en arrières, les ralentissements dans les négociations et de l’inefficacité des mesures misent en place, ont pourrait penser que Donald Trump met en place sa stratégie pour 2020.

Les taxes sur les importations aux Etats-Unis et les stocks qui devraient continuer de s’accumuler pourraient permettre une nouvelle fois de gonfler les publications américaines. Par ailleurs les craintes du ralentissement mondial, amenées par la guerre commerciale de Trump devraient conduire la FED à baisser ses taux au S2 et cela devrait à nouveau permettre une croissance artificielle aux Etats-Unis au S1 2020 laissant la voie à Donald Trump pour se féliciter avant les présidentielles.