Mario Draghi fait plonger l'OAT dix ans à un plus bas historique et enrager Donald Trump

Finie l’ambiance atone des marchés façon « en attendant la Fed », l’intervention surprenante de Mario Draghi depuis le Symposium de la BCE à Sintra est venue réveiller ce matin les investisseurs assoupis pour enflammer la séance.

Prêt à dégainer de nouveau des outils de stimulation monétaire en envisageant une nouvelle baisse des taux d’intérêt et en remettant sur le tapis des rachats d’actifs, le discours particulièrement accommodant du président de la BCE a tapé dans l’œil des indices boursiers, pressé l’euro et fait chuter les rendements des obligations d’Etat allemandes et françaises !

L’OAT dix ans dans le rouge, une première

Dans la foulée de son intervention, le rendement du Bund 10 ans a largement décroché pour se situer dans l’après-midi vers les -0,325 %.

Graphique du cours du rendement du Bund allemand 10 ans, chute spectaculaire à partir de 10h ce matin

Même schéma pour le rendement des emprunts d’Etat français à dix ans, qui est passé mardi en territoire négatif pour la première fois de son histoire.

Ce taux de référence a perdu jusqu’à 11 points de base pour descendre légèrement en dessous de zéro, à -0,002%, avant de repasser en territoire positif (+0,009% à 12h45 GMT).

Quant au Stoxx 600, prenant 1,3%, l’indice large des valeurs européenne se dirige vers sa meilleure séance depuis le 15 février.

Trump fulmine

La réaction positive des places boursières européennes à ces propos accommodants a fortement déplu au président des Etats-Unis, pourtant coutumier du fait de déclarations bien minutées vis-à-vis de Wall Street.

Ce début d’après-midi, Donald Trump s’est fendu d’une série de tweets très critiques à l’égard des propos de Mario Draghi, l’accusant de faire fléchir l’euro face au dollar et de faire monter les places boursières européennes pour affaiblir « injustement » la concurrence américaine.

Reprise des discussions sino-américaines ?

Moins de deux heures après son premier tweet contrarié, le président des Etats-Unis a déclaré, toujours sur Twitter, qu’il venait d’avoir une conversation téléphonique avec le président chinois et qu’une rencontre aurait lieu entre les deux chefs d’Etat en marge du prochain G20 les 28 et 29 juin pour reprendre le cours de leurs négociations commerciales.

Depuis un mois, l’administration a assuré à plusieurs reprises que le rendez-vous d’Osaka donnerait lieu à une entrevue entre représentants chinois et américains, une rencontre que Pékin avait jusqu’ici toujours refusé de confirmer, pesant largement sur la patience du locataire de la Maison Blanche. Cette fois-ci, le Global Times, le média d’Etat de la Chine, a bien confirmé la réalité de cette rencontre, précisant par ailleurs que le coup de fil avait été à l’initiative du président des Etats-Unis.

Conséquence de cette première bonne nouvelle pour le dossier commercial sino-américain depuis l’interruption des discussions le 10 mai, la place boursière de New York exulte elle aussi : ce soir, à la fermeture des marchés européens, le Dow Jones progressait de 1,36 %, et le Nasdaq de 1,8 %. Les cours du pétrole leur ont emboité le pas : +2,28% pour le Brent à 62,35$ et +4,01% pour le WTI américain à 53,96$.