Bourse de Paris : le CAC 40 chute lourdement après la décision américaine d’interrompre les voyages vers l’Europe

Mise à jour - 10h40

A Paris comme à Francfort, les marchés actions ont ouvert en forte baisse jeudi, grippés par la décision du président des Etats-Unis, tombée cette nuit, de suspendre tous les voyages vers l’Europe pour un mois à compter de vendredi minuit.

Quelques minutes après l'ouverture, la violence de la baisse a créé de nouveaux dysfonctionnements chez Euronext, certaines valeurs n'ayant pas réussi à coter dans les premiers échanges. Vers 10h, toutefois, toutes les sociétés avaient repris leurs échanges. le CAC 40 (France 40) enregistre à Paris un décrochage de plus de 6,5%, proche des 4300 points, à un plus bas de juillet 2016. Lanterne rouge de l'indice, Safran SA accuse un repli de plus de 8,8%, devant TechnipFMC Limited (8,3%), Accor SA (7,93%, ArcelorMittal (NL) (7,65%), UG-FR (7,73%) et Vinci SA (7,8%).

En Allemagne, le Dax (Allemagne 40) est en baisse de 6,65% à 9744 points. Wirecard AG accuse la plus lourde perte (-12%) devant Deutsche Lufthansa AG (-11,77%), RWE3-DE (-11,62%) et Mercedes-Benz Group AG(-8,57%).

A Londres, le FTSE 100 perd également plus de 5,65% à 5544 points. Les pertes les plus spectaculaires à l'ouverture sont celles de IAG (-17,79%), Prudential (-14,09%) et WPP (-12,45%).

L'OMS qualifie la situation de pandémie

La décision des Etats-Unis a créé un nouveau sentiment de panique générale sur les marchés financiers, quatre jours après le lundi noir, où les indices européens avaient chuté de plus de 8% et Wall Street de plus de 7,6%, enregistrant leur plus mauvaise séance depuis la crise des subprimes.

Les opérateurs ont été surpris de cette mesure radicale alors que Washington avait été critiqué ces derniers jours pour la gestion relativement nonchalante de la crise sanitaire. Hier, l’aversion au risque s’était renforcée à Wall Street, les Etats-Unis tardant à présenter les détails de son plan de soutien à l’économie. La Bourse de New York est de nouveau entrée en situation de Bear Market, avec des chutes de 5,86% pour le Dow Jones (Wall Street), proche des 23 550 points, et de 4,89% pour le S&P 500 (US 500) à 2741 points.

Les futures américains sont en décrochage de plus de 4% après avoir touché ce matin la limite de baisse de 5%. Instauré par la bourse de New York en cas de situation de crise, ce dispositif de "court-circuit" interromp les échanges pour 15 minutes lorsqu'ils franchissent un certain palier à la baisse ou à la hausse. A la baisse, les limites des futures sont -5%, -7%, -13% et -20%.

L'aversion au risque gagne aussi le pétrole, qui baisse vers 10h30 de plus de 5,18% pour le WTI (WTI Crude (SGD1 Contract)) à 31,3$, et de 5,08% pour le Brent (Pétrole - Brut Brent) à 34,02$.

Traditionnelle valeur refuge, l'or a d'abord subi un phénomène de "sell-off", les opérateurs céder le métal précieux pour couvrir leurs appels de marge, avant de se redresser très légèrement vers 10h30, à +0,34% et 1642$.

Deux autres actualités ont ajouté de l’huile sur le feu à ce contexte dégradé : la décision du gouvernement italien de fermer tous les commerces du territoire – à l’exception des magasins d’alimentation et des pharmacie – et la requalification de l’épidémie de coronavirus en « pandémie » par l’OMS.

Chute asiatique

En Asie, la décision de Donald Trump a plongé les indices dans le rouge. A Tokyo, le Nikkei a perdu 4,41% à 18.559,63 points et le Topix a cédé 4,13% à 1.327,88 points. En Chine, le Shanghai Composite a limité la casse à -1,52% et le Shenzhen Composite a fini en baisse de 2,31%, l’épidémie de Covid-19 s’améliorant de jour en jour.

Dans ce contexte, la réponse que délivrera la Banque centrale européenne dans sa décision de politique monétaire cet après-midi sera la clé de la journée. Plusieurs hypothèses circulent sur cette intervention : outre une petite baisse des taux, les observateurs attendent surtout de la BCE des mesures de soutien telles qu’un nouveau programme de TLTRO afin de soulager rapidement les banques de détail, et l’accroissement de ses rachats de dettes.

Pour Alexandre Baradez, Chief Market Analyst, « Il est possible que la BCE ne cherche pas à « choquer » le marché tout de suite mais peut-être à intervenir par phases. [Elle] aura le confort de pouvoir intervenir dans un contexte où l’euro a sensiblement rebondi, passant de 1.0780$ à 1.1500$ en 3 semaines ce qui lui laissera des marges de manœuvre pour ne pas provoquer des réactions défensives de l’administration américaine sur le front commercial. » (intégralité de l’analyse disponible ici).

A moins que les violents mouvements de marché de ces quatre dernières séances fassent finalement pencher la balance vers une réponse plus éclatante.