La fièvre optimiste gagne les bourses asiatiques

En dépit des tensions avec les Etats-Unis et d'une situation sanitaire toujours préoccupante, l’euphorie gagne les marchés asiatiques - et tout particulièrement les bourses chinoises. Portés par des perspectives positives des analystes et encouragées par le gouvernement, les indices de l’Empire du Milieu ont survolé la séance ce lundi, en hausse de 4 à 6,5%.

Le CSI 300 a bondi aujourd'hui de +5,67% (4670 points) après avoir grimpé de plus de 7% la semaine dernière, le Shanghai Composite de +5,71% (3332 points) et le Shenzhen Composite de 4,09% (12 941 points). Le FTSE China A50 a clôturé à son plus haut niveau depuis 2008, à 15 912 points, en progression de 6,5%.

Le Hang Seng en hausse de plus de 4%

Le regain d’appétit au risque de la Chine continentale a entraîné avec lui les autres places asiatiques. L’indice MSCI Asie-Pacifique hors Japon a terminé à +2,12%, évoluant à un plus haut de février tandis qu’à Hong Kong, le Hang Seng a progressé de plus de 4% à 26 406 points, marquant son entrée en "bull market" avec une progression de plus de 20% depuis son point bas du mois de mars. La devise chinoise en profite aussi : le yuan (CNH) gagne 0,5% face au dollar à 7,0329.

Deux principaux catalyseurs semblent être à l’origine de cet emballement : le premier émane du média d’Etat The China Securities Journal. Dans ses colonnes, le très influent acteur de la sphère financière domestique, a « appelé » les investisseurs à favoriser un marché haussier « sain » de la bourse chinoise après la pandémie de coronavirus, essentiel pour défendre la position de la Chine face « aux tensions internationales », et qui sera rendu possible "grâce aux réformes et à l’excès de liquidités sur les marchés mondiaux", considère le média.

Le second est relatif à une étude qui vient de rapporter que les courtiers de la Chine continentale ont enregistré en moyenne une augmentation de 30% de demandes d'ouvertures de comptes le mois dernier, renforçant davantage le sentiment haussier des marchés.

Nomura arbitre son portefeuille en faveur des actions asiatiques

Malgré la résurgence de l’épidémie de coronavirus sur le continent américain, les places asiatiques ont le vent en poupe depuis le début du mois, nourries par un Momentum très positif des analystes sur les marchés actions chinois - et plus généralement sur les émergents.

La banque d’investissement China International Capital Corp. s'attend ainsi ce que les marchés actions chinois doublent de valeur d’ici cinq à dix ans. Quant à Nomura, l’établissement vient de revoir son allocation d'actifs en faveur des actions de la région, jugeant qu'elles pourraient enregistrer à court terme des performances supérieures aux valeurs américaines.

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Face aux craintes que cette envolée - encouragée par Pékin - se solde en l’éclatement d’une bulle financière comme en 2015, lorsque la bourse chinoise avait chuté de 30% en trois semaines, les gérants et analystes temporisent ce risque. "L'Etat a réalisé en 2015 qu'il avait plus à perdre qu'à gagner avec la création d'une situation de "boom-bust"(expansion-récession)", a expliqué à Bloomberg Wang Zhuo, gérant de Shaghai Zhuozhu Investment Management.

Aux yeux des spécialistes, la situation actuelle est beaucoup saine qu'il y a cinq ans car la valeur des actions à leur creux du mois de mars est bien inférieure à ce qu’elle était en 2014, avant la formation de la bulle.

Ils soulignent aussi que l’effet de levier des dérivés actions est actuellement de 50% inférieur à son niveau de 2015, les dettes récemment générées par les investisseurs étant donc aussi bien moins risquées.

Enfin, la politique monétaire actuelle de la Bank of China est jugée comme beaucoup plus prudente qu'il y a cinq ans lorsque son action avait été très critiquée. Pour soutenir ses marchés en 2015, la BoE avait notamment fortement dévalué sa monnaie mais l'opération avait entraîné in fine l'effet inverse, en accentuant davantage la défiance des marchés.

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