Action Safran : à nouveau lanterne rouge avec Boeing

Le gel de la production du 737 Max à partir de janvier annoncé lundi soir par Boeing plonge à nouveau l’action Safran dans le rouge. Fournisseur des moteurs de ces appareils aux côtés de Général Electric, le spécialiste français des équipements aéronautiques est en retrait de 3,67% ce midi, à 136,35€, sur un CAC 40 en repli de 0,32% à 5972 points.

Le cours de l’action Safran en baisse de plus de 6,6% en cinq séances

Le titre habille pour la deuxième séance consécutive l’habit de lanterne rouge de la bourse de Paris, après avoir été impacté hier de 2,21% sur une information du Wall Street Journal annonçant l’intention de l’avionneur américain d’interrompre la fabrication de son modèle star.

C’est également sa 4^e journée d’affilée de baisse, car Safran a déjà été sanctionné la semaine dernière à la bourse de Paris après la décision du régulateur américain – la FAA – de ne pas accorder d’autorisation de vol aux 737 Max avant 2020.

Sur cinq séances, le titre décroche de 6,63%, et de 8,5% sur un mois. Sur l'année 2019, l'action Safran a en grande partie profité de la valorisation des indices boursiers. Sur un an, elle s'est même appréciée plus fortement que le CAC 40, à +30% actuelement.

Un gel de production de 737 Max susceptible d’impacter l’économie américaine…

L'annonce de la FAA a donc contraint Boeing de suspendre sa production de ses appareils à compter du mois prochain, sans en préciser la durée. Le groupe américain, qui espérait encore il y a quelques semaines obtenir le feu vert des autorités avant la fin de l’année, continuait d’en fabriquer 42 unités mensuelles, contre 52 avant l’accident d’Ethiopian Airlines en mars dernier.

La décision de Boeing, qui a vu fondre ses bénéfices de moitié à fin septembre, ne sera pas sans conséquence sur l’économie américaine : le groupe – au cœur d’une bataille de subventions entre les Etats-Unis et l’Union européenne à l’OMC – emploie plus de 153 000 personnes à travers le monde dont 12 000 sur son seul site de Renton, où est produit le 737 Max. C’est également le premier exportateur américain de produits manufacturés.

Le 737 Max à l’arrêt devrait impacter l’ensemble de sa chaîne de fournisseurs, dont, bien sûr, CFM International, la coentreprise de Safran et General Electric qui lui fournit les moteurs.

Car si les activités de Safran ne se limitent pas à la propulsion aéronautique et spatiale, ce domaine représente toutefois la moitié de son chiffre d’affaires annuel.

150 moteurs LEAP en moins par mois pour Safran

Malgré les affres du 737 Max, l’équipementier français a enregistré de solides résultats financiers en 2019.

A fin septembre, le groupe a publié un CA de 18 197 millions d’euros sur 9 mois, en progression de 12,6% sur une base organique par rapport à 2018. La propulsion aéronautique a drainé 8 889 M€ (+17,6%), portée par les LEAP (1316 unités) équipant les 737 Max ainsi que par les CFM56 et les activités de services.

Les équipements aéronautiques ont représenté 6 851 M€ de chiffre d’affaires (+7,9%) et l’aménagement intérieur (« AirCraft Interiors ») 2 445 M€ (+7,3%).

A cette occasion, le Safran avait confirmé ses objectifs 2019. Concernant l’immobilisation des Boeing, le président de Safran Philippe Petitcolin avait précisé « que sur la base de notre cadence de production actuelle de moteurs LEAP-1B correspondant à 42 avions par mois, nous confirmons une production d'environ 1 800 moteurs LEAP en 2019. »

Mais ce sera donc sans cette ligne de ventes de 150 moteurs par mois que Safran devra débuter l’année 2020. La société avait anticipé au 30 juin un impact d’environ 300 millions d’euros sur son cash-flow libre au 3^e et 4^e trimestre reflétant la baisse des acomptes sur les livraisons à venir, ainsi qu’un cash-flow libre d’environ 50 % le montant de son résultat opérationnel courant dans le cas d’un scénario d’immobilisation du 737 Max jusqu’à la fin de l’année.