Action Total : ce qu’il faut savoir en amont de ses résultats mercredi
Les résultats financiers du géant pétrolier français seront publiés mercredi à 8h, avant l’ouverture des marchés. Bref aperçu de ses précédents trimestres et de ses perspectives 2019.
Résultats du 2e trimestre
Total a enregistré un résultat net ajusté part du groupe de 2,9 milliards de dollars (1,05 dollar par action), en baisse de 19% sur la même période en 2018, mais en hausse de 5% par rapport au 1er trimestre 2019.
En matière de production d’hydrocarbures (pétrole, gaz, liquides), le groupe a légèrement augmenté le nombre moyen de barils par jour à 2,96 M (+9% sur un an).
Le cash-flow a augmenté de 10% par rapport au 1er trimestre à 7,2 milliards de dollars, porté par la montée en puissance des sites Egina au Nigéria, Ichtys en Australie, Kaombo Norte en Angola et les démarrages le trimestre dernier de Kaombo Sule en Angola et Culzean en Mer du Nord britannique.
Dans l’aval (distribution, chimie, raffinage), le groupe a enregistré un résultat opérationnel net ajusté de 1,1 milliard de dollars, en hausse de 4% par rapport au 1er trimestre dans un environnement de marges de raffinage en baisse de 16%. Il a par ailleurs renforcé sa présence dans les biocarburants avec le démarrage d’une bioraffinerie à La Mède, dans les Bouches-du-Rhône.
Son taux d’endettement s’est élevé à 20,6% (IFRS16, et après paiement de deux acomptes sur dividende au cours du trimestre).
Résultats 1er semestre
Sur l’ensemble du 1er semestre, le résultat opérationnel de la division exploration-production d’hydrocarbures baisse de 9% par rapport au 1er semestre 2018, celle du gaz intégré (GNL)-énergies renouvelables de 2% et la raffinerie-chimie de 5%. Le pôle marketing et services baisse également de 9%. Ces décrochages tiennent principalement à la contraction des prix du Brent et du gaz. Au global, le résultat opérationnel net ajusté ressort à 7002 millions de dollars en baisse de 7% sur un an (2,07 dollars par action).
A l’occasion de la présentation de ses derniers résultats fin juillet, Total avait mis en avant les ambitions de son pôle GNL et sa stratégie de réorientation de son portefeuille d’activités pour la développer.
Le groupe avait signé un contrat de vente avec la société chinoise Ghanghui, la reprise du portefeuille de GNL de Toshiba et le démarrage de Cameron LNG aux Etats-Unis. « Cette politique active de gestion du portefeuille sera poursuivie avec la cession de 5 milliards de dollars d’actifs sur la période 2019-2020 dont la majorité dans l’exploration-production », avait indiqué Total.
Acomptes sur dividende
Le deuxième acompte sur dividende de 2019 a été augmenté de 3,1% sur un an à 0,66€ par action. Total a par ailleurs racheté au cours du 1er semestre des actions pour un montant de 0,76 milliards de dollars dans le cadre d’un objectif de rachat d’actions de 1,5 milliards de dollars à 60 dollars par action. Le retour à l’actionnaire en cash en dollars ressort à 37% de la marge brute d’autofinancement sur le 1er semestre.
Perspectives 2019
Il y a une quinzaine de jours, le groupe a indiqué que sa marge sur le raffinage en Europe a rebondi à 47,4 dollars par tonne au 3e trimestre après 27,6 dollars entre avril et juin.
Sur cette période, le prix moyen du baril de Brent a atteint 62 dollars (vs. 68,9$ au 2e trimestre), le prix moyen de vente des liquides 58$ le baril (vs. 63,7 au 2e trimestre) et celui des ventes de gaz 3,48 $/MBtu (3,82 au 2e trimestre).
Total anticipe une croissance de production de 9% en 2019. Il avait confirmé une augmentation de 3,1% de dividende en euro, en ligne avec l’objectif d’augmentation de 10% sur la période 2018-2020 et son programme de rachat d’actions pour un montant de 1,5 milliards de dollars en 2019.
Transition énergétique
Concernant sa stratégie à plus long terme, interviewé dans l’édition d’hier du Journal du Dimanche, le PDG du groupe Patrick Pouyanné a promis une accélération de la diversification de Total vers le gaz et l’électricité.
Le groupe vise une capacité mondiale de 25 gigawatts dans les énergies renouvelables à l’horizon 2025, là où il enregistre une capacité actuelle de 2,7 gigawatts (données 2018). Il compte également doubler sur cette période le nombre de ses clients à l’électricité en France et en Belgique, une zone où il a multiplié les acquisitions depuis 2015.
Le PDG de Total a par ailleurs réaffirmé qu’il ne fermerait aucune de ses 3500 stations service en France et qu’elles seraient transformées pour proposer des prises électriques, du gaz et de l’hydrogène en plus des pompes à carburant.
En amont de ses résultats, le groupe a multiplié sa communication relative à la transition énergétique.
Outre la prise de parole de son président dans la presse, Total a indiqué la semaine dernière que son fonds de capital-risque sera désormais consacré intégralement à la neutralité carbone et que ses investissements augmenteront pour atteindre 400 millions de dollars cumulés d’ici à cinq ans. Rebaptisé « Total Carbon Neutrality Ventures », il déploiera un portefeuille international dans les domaines de l’énergie intelligente, le stockage énergétique, la mobilité, les bioplastiques et le recyclage.
Toujours sur le volet des énergies renouvelables, sa filiale Total Quadran a remporté 32 mégawatts de nouveaux projets solaires et éoliens en France lors d’appels d’offre de la Commission de Régulation de l’Energie.
Ces annonces tombent aussi quelques jours après que le groupe a été assigné en justice par six ONG accusant l’un de ses projets pétroliers, Tilenga, en Ouganda, où le groupe prévoit de forer 419 puits (aux côtés des sociétés CNOOC et Tullow), d’avoir des « impacts désastreux » pour les habitants et la biodiversité.
En juin, ces ONG (Les Amis de la Terre, Survie, AFIEGO, CRED, NAPE et NAVODA) avaient mis en demeure le groupe, lui demandant de respecter la loi dite du « Rana Plaza », qui impose aux multinationales françaises d'établir un plan de vigilance destiné à « prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l'environnement » chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l'étranger. Pour les ONG, le plan de Total publié en mars est jugé insuffisant.
Anticipations du consensus
Selon les données recueillies par S&P Global Market Intelligence, les analystes anticipent pour Total un chiffre d’affaires 2019 de 193 202 millions d’euros pour un résultat d’exploitation de 18 790 millions d’euros, en baisse par rapport à 2019.
En revanche, le consensus table sur un résultat net en progression à 12 554 millions d’euros pour un bénéfice par action de 4,74 euros contre 4,24 euros en 2018. Le dividende par action prévisionnel est à 2,92 euros, contre 2,88 euros l’année dernière.
Cours de l’action Total et recommandations du consensus
Le consensus des analystes de S&P Global Market Intelligence est en moyenne à l’achat avec un objectif de cours moyen de 63,26$.
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