Action Veolia : le rejet de Suez n’effraie pas la bourse

Hier, dans la presse, le patron de Suez s’est déclaré fermement opposé à l’offre de rachat de Veolia. Mais cette prise de position n’a pas déstabilisé les opérateurs boursiers ce matin, qui s’attendent à voir les enchères monter.

En fin de matinée, l’action Veolia progresse d’1% sur le CAC 40, au-dessus de 19,7€. Celle de Suez s’apprécie de 0,8% à 15,24€, tandis qu’Engie bondit de 2,5% à 11,93€.

Dans une interview accordée au Figaro, Bertrand Camus, directeur général de Suez, a rejeté la proposition de Veolia de racheter 29,9% de participation d’Engie dans Suez en vue d’une future OPA, jugeant l’opération proposée « aberrante » et sous-valorisant les actifs de Suez.

Une offre à 15,5€ par action

Monsieur Camus, qui accuse son concurrent de profiter de la crise du coronavirus pour racheter sa société en deçà de sa valeur, considère que les deux groupes ont par ailleurs des divergences stratégiques « irréconciliables » sur leur avenir.

Veolia a proposé à Suez le 30 août de racheter la participation d’EDF pour un montant de 15,5€ par action, alors qu’elle avait clos le 28 août à 12,24€.

La prime proposée à EDF n’a pas été considérée comme particulièrement généreuse par les observateurs, ni par le principal intéressé d’ailleurs, son président Jean-Pierre Clamadieu ayant déclaré sur BFM Business la semaine dernière que le compte n’y était pas, même si « le projet par certains aspects est attrayant ».

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Une opération profitable, estime Bank of America

Au sein des cabinets d’analyses, la perspective d’un rapprochement entre Suez et Veolia est vue d’un bon œil. Pour Oddo, l’offre de Veolia permettrait, « grâce aux synergies attendues, une valorisation que le plan stratégique de Suez n’aurait pas permis d’atteindre avant 2023 » avec un bénéfice par action de 1,34€ espéré dès 2021.

Bank of America est passé à l’achat sur Veolia après l’officialisation de son offre, relevant son objectif de cours de 19€ à 25€, estimant que l’opération jetterait « les bases d’une croissance accélérée ».

La semaine dernière, JPMorgan jugeait que « la logique stratégique d'une union entre Veolia et Suez est très forte et créerait un leader mondial incontesté des services environnementaux à un moment où la transformation écologique s'accélère », et estimait pour sa part que la prime proposée était bien payée.

Sans surprise, la naissance d’un « champion national mondial de la transformation écologique » de plus de 40 milliards d’euros, comme le souhaite Veolia, n’a pas rencontré d’opposition du gouvernement français, actionnaire d’Engie. Et pour cause, cette opération s’alignerait avec le cap politique de Bercy, car elle servirait deux de ses priorités contre la récession : accroître le poids de l’industrie française, et orienter la relance économique vers la transition écologique.

Engie ouvert à des contre-propositions

Vu le contexte politique, un rachat de Suez par Veolia a de grandes chances d’aboutir, même si les tractations sur le prix de l’opération semblent bien parties pour durer plusieurs semaines. « La réaction modérée des marchés sur les actions Suez et Veolia traduit ces attentes », explique Alexandre Baradez, Chief Market Analyst chez IG France, et il n’est pas étonnant que les intéressés fassent monter les enchères ».

Engie a déjà fait savoir qu’il était ouvert à des contre-propositions, tandis que Suez plancherait sur un montage pour racheter lui-même la participation de Suez.

Ce lundi, le titre Suez, qui a comblé son gap de mars ces quatre dernières semaines en progressant de plus de 38%, s’échange ce matin proche de l’offre de Veolia, à 15,25€.

D’après des informations de Reuters et de BFM Business, Engie pourrait espérer de la part de Veolia un prix de 17€ par action pour sceller le deal.

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