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18 mois de conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis

La Chine et les Etats-Unis reprennent les discussions à Pékin aujourd’hui. Retour sur les principaux épisodes du conflit commercial opposant les deux puissances économiques depuis l'élection de Donald Trump.

Les Etats-Unis et la Chine sont engagés dans un bras de fer commercial depuis des mois.
Donald Trump, Xi Jinping

Les Etats-Unis et la Chine reprennent aujourd’hui et demain leurs négociations commerciales dans un contexte de conflit qui a tourné il y a quelques mois à la guerre ouverte entre les deux puissances. Pékin et Washington se sont donnés jusqu’en mars pour accorder leurs violons alors que sur l’échiquier mondial des échanges commerciaux, les premières conséquences du conflit se font sentir.

  • 2017 : début des hostilités

Donald Trump, investi le 20 janvier 45e président des Etats-Unis, a promis à son électorat de rapatrier des emplois, en premier lieu industriels, aux Etats-Unis.

Son Administration se penche rapidement sur les pratiques commerciales de la Chine, le déficit commercial des Etats-Unis avec l’Empire du Milieu s’élevant à 347 milliards de dollars en 2016.

A l’été, le département du commerce américain impose des premiers droits antidumping provisoires (allant de 17 % à 81 %) sur les feuilles d’aluminium chinoises. En octobre, ces droits antidumping sont révisés à la hausse (97 à 162 %) et prolongés.

Donald Trump demande en parallèle une enquête sur le respect de la propriété intellectuelle par la Chine et menace Pékin d’introduire de nouveaux droits de douane. Il pointe du doigt le dispositif de coentreprise mis en place par la Chine, qui, en contrepartie de l’ouverture de son marché à des entreprises étrangères, les obligent à partager leur savoir-faire technologique avec leurs partenaires locaux.

  • Janvier-avril 2018 : premières batailles tarifaires entre Washington et Pékin

A la fin du mois de janvier, les Etats-Unis mettent leurs menaces à exécution en imposant 30 % de tarifs douaniers à l’importation de panneaux solaires et 20 % pour les machines à laver, deux classes de produits essentiellement fabriquées en Chine.

Quelques semaines plus tard, Donald Trump s’attaque aux matières premières en instaurant une barrière tarifaire de 25 % aux importations d’acier et une autre de 10 % à celle d’aluminium, deux taxations auxquelles la Chine n’échappe pas, contrairement à l’Europe et au Canada qui en sont provisoirement exemptés à des fins de négociations commerciales.

Le président des Etats-Unis annonce aussi son intention d’imposer de nouvelles taxes sur quelque 60 milliards de dollars d’importations chinoises.

En avril, le gouvernement chinois réplique pour la première fois en imposant 3 milliards de dollars de droits de douane sur les importations américaines. Cette enveloppe comprend une taxation de 15 % sur 120 produits américains (fruits frais, éthanol, vin) ainsi qu’une taxation de 25 % sur huit autres (porc, aluminium recyclé…).

Les Etats-Unis renchérissent en proposant une taxation de 25 % sur 50 milliards de dollars de produits chinois. Le gouvernement chinois annonce de nouvelles taxations équivalentes dès le lendemain. Donald Trump double la mise en menaçant d'une taxation sur 100 milliards de dollars de produits chinois.

>>> Mi-avril, les Etats-Unis interdisent à ZTE, fabricant chinois de smartphones et d’équipements de télécommunications, d’acheter aux entreprises américaines des composants électroniques pendant 7 ans. ZTE, dont 25 à 30 % de ses composants sont fournis par les US, est ainsi sanctionné pour avoir enfreint un accord relatif à l’embargo américain en Iran. En réponse, le ministère chinois du Commerce annonce qu’il imposera 179 % de taxes à l’importation de sorgho américain. <<<<

  • Mai 2018 : période de relâche

La première quinzaine du mois de mai fait l’objet de négociations entre officiels américains et Chinois. Ces discussions aboutissent au retrait, côté chinois, des taxes à l’importation annoncées sur le sorgho américain, et à l’engagement de la Chine d’augmenter significativement les achats de produits américains. En 2017, le déficit commercial américain avec la Chine s’est encore creusé, pour atteindre 375 milliards de dollars.

  • Eté 2018 : reprise des hostilités et entrée en guerre commerciale

Malgré ces concessions, les Etats-Unis ne relâchent pas la pression et annoncent un droit de douane de 25 % sur 50 milliards de dollars de marchandises chinoises, avec une entrée en vigueur le 6 juillet pour 34 milliards de dollars de ces marchandises. Pékin réplique en brandissant la menace de sanctions douanières équivalentes, qui comprennent des produits jusqu’alors laissés de côté comme le soja et les véhicules électriques.

>>> Le 6 juillet, les taxes américaines de 25 % sur 34 milliards de dollars de produits chinois voient le jour, des barrières tarifaires équivalentes prennent effet en Chine contre les importations américaines. <<<

Pendant l’été, les deux puissances enchaînent les menaces successives de taxations douanières supplémentaires. Le gouvernement américain s’oppose par ailleurs à l’entrée de China Mobile sur son marché en invoquant la sécurité nationale.

>>> Comme annoncé par l’administration Trump au début du mois, le 23 août, les Etats-Unis appliquent des droits de douane supplémentaires à hauteur de 25 % sur 16 milliards de dollars de marchandises chinoises. La Chine applique les mêmes sanctions sur un montant équivalent de marchandises américaines importées. <<<

  • Septembre-octobre 2018 : climax des tensions et entrée en vigueur des taxations

Le ton continue de monter à la rentrée entre les deux pays et aboutit à un renchérissement de leurs barrières commerciales.

>>> Donald Trump met ses nouvelles menaces à exécution le 24 septembre en appliquant 10 % de droits de douane supplémentaires à 200 milliards de produits importés chinois. <<<

>>>Pékin réplique, mais avec moins de vigueur, en imposant des taxes de 5 % et 10 % sur 60 milliards d’importations américaines. <<<

Le 11 octobre, les Etats-Unis annoncent de nouvelles règles restreignant les exportations vers la Chine dans le secteur du nucléaire, pour lutter contre le détournement illégal de transferts de technologie nucléaire civile, « à des fins militaires ou non autorisées ». Ces règles prévoient « une présomption de refus » de délivrance de futures licences.

  • Novembre-décembre 2018 : la trêve du G20

En novembre, les chiffres de l’excédent commercial de la Chine avec les Etats-Unis du mois d’octobre font état, pour la première fois depuis la mandature de Donald Trump, d’une diminution en rythme annuel.

En amont du G20, les Etats-Unis et la Chine continuent de souffler le chaud et le froid sur l’avenir de leurs relations commerciales.

Le 9 novembre, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux puissances, jouent la carte de l’apaisement. Lors d’une conférence de presse commune, les quatre ministres assurent souhaiter « davantage de coordination et de coopération » ainsi que le renforcement de leur « confiance stratégique », tout en ne cachant pas leurs différents diplomatiques sur un certain nombre de sujets sensibles (la situation des Ouïghours dans le Xinjiang, la mer de Chine, Taïwan, la Corée du Nord…).

Une semaine plus tard, les deux pays s’écharpent à nouveau à l’occasion de la réunion annuelle de la Coopération économique Asie-Pacifique. Dans son intervention publique, le leader chinois critique violemment le protectionnisme et la politique des Etats-Unis. En réponse, le vice-président américain Mike Pence menace de doubler le montant des taxes en vigueur sur les importations chinoises.

>>> Le 1er décembre, lors d’un dîner à l’issue du G20 à Buenos Aires en Argentine, Donald Trump et Xi Jinping conviennent d’une suspension, pour 90 jours, de l’instauration de nouvelles taxes à l’importation que Pékin et Washington avaient annoncés sur des milliards de dollars de marchandises. <<<

Avec ce cessez-le-feu, Washington renonce à porter, comme prévu, de 10 à 25 % de droits de douanes sur plus de 200 milliards de dollars d’importations chinoises à partir du 1er janvier. Pékin suspend pour 90 jours les surtaxes douanières automobiles importées des Etats-Unis (qui étaient passées de 10 à 25 %). Le gouvernement chinois annonce par ailleurs le renforcement de sanctions contre la violation de propriété intellectuelle.

La rencontre du G20 apaise quelque peu les tensions. Du côté de Pékin, l’économie chinoise fait preuve d’un certain essoufflement, avec une croissance au ralenti au 3e trimestre (à 6,5 %, son rythme annuel le plus bas depuis dix ans) et des profits de son industrie manufacturière en baisse.

Le 24 décembre, l’agence de presse Chine nouvelle annonce que le Parlement chinois envisage une nouvelle loi qui limitera le transfert forcé de technologies aux compagnies étrangères, un des principaux griefs de Donald Trump contre la Chine.

Mais les Etats-Unis campent sur leur position diplomatique agressive, notamment à travers l’affaire Huawei. Après avoir fait arrêter la directrice financière de l’entreprise chinoise au Canada, début décembre, Reuters révèle le 27 décembre que l’administration Trump pourrait interdire les entreprises américaines d’utiliser des équipements de télécommunications Huawei et ZTE produits en Chine.

Pour donner un peu d’air à ses échanges commerciaux, la Chine annonce à la fin du mois de décembre de nouveaux allègements de droits de douane :

  • la suppression de droits de douanes sur les importations d’alternatives aux tourteaux de soja pour l’alimentation animale à compter du 1er janvier 2019 ;
  • le maintien de droits de douanes à l’importation relativement bas sur les réacteurs d’avions, le matériel aéronautique et les avions Boeing comptant parmi les principaux achats de la Chine aux Etats-Unis en 2017 ;
  • l’ouverture – quelque peu symbolique – de son marché à l’importation de riz américain, un dossier qui oppose les deux pays depuis plusieurs années dans les arcanes de l’OMC.

Ces différentes perches tendues à Washington aboutissent, le 29 décembre, à un échange téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping à l’issue duquel le président des Etats-Unis s’est réjoui « de grands progrès en cours ».

  • Janvier 2019 : Reprise des négociations

Pour stimuler l’économie du pays, la Banque centrale chinoise annonce, vendredi 4 janvier, une réduction du ratio de liquidités de réserve des banques chinoises de 100 points de base, qui est actuellement de 14,5 % pour les grands établissements, et de 12,5 % pour les autres. La réduction est prévue en deux étapes, les 15 et 25 janvier 2019. L'annonce a provoqué un rebond du cours des métaux de base, comme le cuivre.

>> Les deux dirigeants conviennent d’une reprise des négociations commerciales, lundi 7 et mardi 8 janvier, avec la visite d’une délégation américaine à Pékin, portée par le secrétaire adjoint au Commerce Jeffrey Gerrish. <<<

La rencontre, qui s’est déroulée dans un lieu tenu secret, a été ponctuée de déclarations publiques positives de la part des deux camps, et la présence surprise de Liu He, lors de celle-ci, a été interprétée comme un signe de bonne volonté de la part de Pékin de parvenir à un arrangement rapide.

Mais les Etats-Unis comme la Chine n’ont donné que peu de détails concrets sur ces négociations.

La Chine a promis d’augmenter les achats de biens américains, et s'est par ailleurs engagé à apporter du changement dans sa politique industrielle protectionniste, qu’elle soit relative à la propriété intellectuelle, au transfert de technologies ou aux subventions.

Le porte-parole du ministère du Commerce américain a assuré que la Chine avait promis d’acheter « un montant substantiel de biens et services américains », en particulier dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et manufacturier.

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