Brexit : le Royaume-Uni suspendu au vote du « plan B » ce soir
Deux semaines après le rejet du texte d’accord de divorce avec l’Union européenne, le plan B de Theresa May accompagné de plusieurs amendements sont soumis au vote de la Chambre des communes ce soir.
Après l’échec de la première version de son texte de sortie de l’Union européenne, Theresa May soumettra au vote ce soir son « plan B » devant la Chambre des représentants britannique.
Actant de deux années d’incertitude et des mois de marasme politique, le Royaume-Uni parviendra-t-il ce soir à lever les doutes sur le Brexit et trouver enfin un accord sur les conditions de son divorce avec l’Union européenne ?
La nature des échanges de la session parlementaire de cet après-midi ne plaide pas en faveur d’une issue positive pour le gouvernement.
Pour rappel, la Première ministre conservateur, qui a porté à bout de bras un projet d’accord de sortie négocié avec Bruxelles, a essuyé une sanglante fin de non-recevoir il y a deux semaines au Parlement britannique. Le premier texte, qui a été rejeté par une écrasante majorité de MPs, s’est notamment heurté à la problématique du « backstop » irlandais.
Le texte négocié avec l’UE prévoyait une période de transition jusqu’en 2020 pendant laquelle le Royaume-Uni resterait dans l’union douanière afin de permettre aux partenaires de mettre sur pied un ensemble d’accords commerciaux. Et précisait qu’en cas d’échec des négociations entre Londres et Bruxelles, le Royaume-Uni resterait dans l’union douanière, supprimant de facto la frontière entre le Royaume-Uni du Nord et la République d'Irlande.
Le blocage du « backstop » irlandais
Le dispositif du backstop a été vivement critiqué par les parlementaires britanniques, en premier lieu dans les rangs de la majorité et au sein du DUP, le parti unioniste démocrate nord-irlandais, un allié dont les conservateurs ne peuvent se passer s'ils souhaitent obtenir une issue positive au vote de ce soir.
La semaine dernière, lors de la présentation de son « plan B » devant la Chambre des communes, Theresa May avait déclaré qu’elle était prête à rediscuter avec le DUP des conditions du Backstop, afin notamment d’en limiter expressément la durée, et que l’issue de ces discussions allait être présentée à l’Union européenne.
Ces derniers jours, les discussions se sont poursuivies entre la chef du gouvernement britannique et les différents représentants des groupes parlementaires. Seul Jeremy Corbyn, à la tête de l’opposition travailliste, a refusé de s’entretenir directement avec Theresa May sur la nouvelle version de l’accord.
Vers un nouveau deal avec Bruxelles ?
Les déclarations de part et d’autre de la Manche ont ponctué cette semaine de rumeurs sur les probabilités d’une sortie sans deal ou de l’organisation d’un nouveau référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Cet après-midi, avant l’ouverture des débats au sein de la Chambre des communes, le porte-parole de la Première ministre a déclaré qu’elle souhaitait rouvrir l’accord conclu avec l’Union européenne. « Le Royaume-Uni continue de croire qu’il est absolument dans l’intérêt du Royaume-Uni de partir avec un accord, mais nous devons avoir un accord pouvant bénéficier de l’appui du Parlement et cela nécessitera quelques modifications à l’accord de retrait », a-t-il déclaré.
Theresa May entend donc arracher un vote en faveur de son texte sur la promesse de revenir frapper à la porte de Bruxelles et revoir la gestion de la frontière irlandaise, lequel entraînerait très probablement une demande d’extension de l’article 50 pour repousser la date de sortie, fixée au 29 mars prochain.
Même si la cheffe du gouvernement britannique fait officiellement fi d’une telle demande, la nature des amendements portés, et les discussions entre parlementaires semblent quelque peu trahir son agenda politique. Car si cette dernière n’obtient pas d’accord à nouveau ce soir et souhaite éviter un scénario de no deal, il lui sera difficile de composer sans repousser la date de sortie du Royaume-Uni.
L’espoir du Malthouse Compromise
Dans son allocution d’ouverture cet après-midi, la Première ministre a ainsi demandé aux parlementaires de renégocier avec l’Union européenne, promettant un nouveau vote « significatif » (« meaningful ») sur un texte d’accord renégocié.
En l’absence de progrès, Theresa May a assuré qu’elle ferait une nouvelle déclaration le 13 février pour présenter un nouveau texte amendé soumis au vote le 14 février.
Elle a aussi affirmé qu’elle s’engageait à respecter le « Malthouse Compromise », un accord entre conservateurs négocié discrètement cette semaine. Dans ces conditions, un suspens relatif demeure sur l’issue du vote de ce soir.
Le speaker de la Chambre des représentants a retenu plusieurs amendements, dont le « Brady Amendment » qui entend supprimer le « backstop » irlandais. Les négociations avec Bruxelles s’avèrent difficiles : selon une source de Bloomberg à Bruxelles s’exprimant sous anonymat, l’Union européenne aurait déjà préparé sa réponse, négative, à une demande de renégociation de l’accord.
Parmi les autres à l’ordre du jour, on retiendra :
L’amendement Cooper, sur une loi d’extension de l’article 50 jusqu’au 31 décembre si aucun accord n’est trouvé avant le 26 février ;
L’amendement Reeves, qui demande une extension directe de l’article 50, sans en préciser la durée ;
L’amendement Corbyn, qui exige que le Parlement dispose de suffisamment pour éviter une sortie sans deal ;
L’amendement Grives, qui amènerait les parlementaires à se prononcer sur chacune des quatre options suivantes : l’accord de Theresa May, une sortie sans deal, une renégociation de l’accord avec l’UE, ou un second référendum – lors d’une période de discussions de six jours en février et mars, avant de se prononcer sur les options retenues ;
Le vote à la Chambre débutera à 20h GTM +1. Plus d’infos à venir….
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