La BCE, indécise sur le ralentissement de la zone euro, garde le cap de sa politique dovish
Les Minutes de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE reflètent l’attentisme de la banque centrale à l’égard de l’évolution de l’activité de la zone euro. La question du recours aux TLTRO est sur la table.
Pas de grande surprise réservée dans le compte-rendu de la BCE publié aujourd’hui : la banque centrale européenne, qui souligne la faiblesse de la croissance européenne, garde le cap de sa politique monétaire attentiste.
Relevant que les récentes statistiques de la zone euro ont été plus mauvaises que prévu, impactée par une faible demande extérieure et des « facteurs sectoriels spécifiques », la BCE estime que la dynamique de la croissance européenne devrait être plus faible que prévu.
A la lumière du ralentissement plus général de la croissance mondiale, la Banque centrale juge le niveau d’incertitude « élevé » sur les projections économiques européenne, anticipant une croissance évoluant « sous son potentiel pendant plusieurs trimestres ».
Jugeant « faible » la probabilité d’une entrée en récession de la zone euro, la banque centrale ne s’avance cependant pas trop sur son horizon : « Il est difficile de savoir si ce repli va perdurer et s’il aura des impacts à moyen terme », la BCE écarte la probabilité d’une entrée en récession.
La question des TLTRO
Concernant ses instruments de politique monétaire, « le lancement de nouveaux TLTRO pourrait servir les objectifs de la BCE en la matière », indiquant que l’« analyse » de l’opportunité de ces nouvelles facilités de prêt bancaire devait intervenir « rapidement ».
Concernant le niveau des taux d’intérêts directeurs, les Minutes de la BCE conservent la ligne directrice adoptée en décembre dernier.
Laissant ses taux inchangés, l'institution précise qu'elle devrait les laisser ainsi au moins jusqu'à la fin de l'été, et aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence de l'inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme.
S'agissant des mesures non conventionnelles de politique monétaire, le conseil des gouverneurs entend poursuivre les réinvestissements, en totalité, des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre de l'APP (asset purchase programme) pendant une période prolongée après la date à laquelle il commencera à relever les taux d'intérêt directeurs de la BCE et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidités favorables et un degré élevé de soutien monétaire.
Une attention portée à la volatilité des marchés
Avec la montée du protectionnisme, le Brexit, la vulnérabilité des marché émergents et la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, la volatilité des marchés est l’un des principaux risques pesant sur la dynamique de l’économie européenne aux yeux de la BCE, qui s’attarde longuement sur le sujet dans son compte-rendu.
Celle-ci souligne que cette volatilité est restée élevée depuis le début de l’année 2019 et qu’elle s’est même accrue sur les marchés actions et matières premières.
La volatilité sur les cours du pétrole a « mis en évidence la montée des incertitudes géopolitiques et leur impact sur l’offre », tout comme « les inquiétudes sur les perspectives de croissance mondiale ont impacté la demande ».
Sur le marché des devises, la BCE note que la livre sterling s’est appréciée nettement par rapport à l’euro et au dollar dans le contexte du rejet de l’accord sur le Brexit convenu avec l’Union européenne par le Parlement britannique.
Du côté de l’évolution des rendements obligataires, elle note un rapprochement du spread entre les US Treasuries et des obligations d’Etat allemandes 10 ans, à des niveaux remontant à l’été 2018.
Le spread des obligations souveraines de la zone euro par rapport aux obligations allemandes s’est globalement stabilisé.
Résultats des entreprises vs. Prime de risque
Sur les marchés actions, la BCE relève que les pertes de valorisations dans la zone euro sont du même ordre que celles des marchés américains, en baisse de 8 à 9 % environ depuis le début du mois d’octobre 2018. D’après ses analyses, le mouvement des cours européens a plutôt reflété les résultats en baisse des entreprises tandis qu’Outre-Atlantique, ce mouvement a été majoritairement porté par l’augmentation de la prime de risque sur les actions.
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