Résultats record pour Huawei malgré la pression américaine

Huawei, la société chinoise la plus persona non grata des Etats-Unis, résiste à la pression américaine avec insolence. Le géant des telecoms a publié ce matin des résultats 2018 relativement spectaculaires.

Franchissant les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 20 %, un record pour le groupe, Huawei a enregistré en 2018 un bénéfice net en hausse de 25 %, à 59,3 milliards de yuans (7,8 milliards d’euros) grâce à une forte croissance de ses ventes de smartphones. Si cette progression reste moins importante qu'en 2017, où la marque chinoise avait vu son bénéfice net bondir de 28 %, elle enregistre un bilan 2018 d'excellente facture dans un contexte relativement épineux.

Accusé par Washington de servir de cheval de Troie au renseignement chinois, et de commercer avec l’Iran via des sociétés écrans, Huawei est sous le feu des projecteurs américains depuis l’élection de Donald Trump.

Bataille de la 5G

Les Etats-Unis ont ouvert fin janvier une longue série de chefs d’inculpation à l’encontre de la société et de sa directrice financière Meng Wanzhou, arrêtée à Ottawa en novembre, et actuellement sous le joug d’une procédure d’extradition.

Le groupe, qui est le leader mondial des équipementiers telecoms devant Ericsson, rencontre par ailleurs des réticences des pays Européens à lui ouvrir l’accès à leurs futurs réseaux 5G en cours de déploiement.

Les Américains ont à plusieurs reprises exhorté leurs partenaires du Vieux Continent de fermer leurs portes à Huawei. Mais la Commission européenne a fait savoir, par une recommandation de son référent du numérique Andrus Ansip, que l’Union européenne ne comptait pas interdire Huawei de son marché.

Bruxelles souhaite plutôt lancer un plan d’action pour favoriser l’échange d’informations entre Etats-membres, élaborer des normes de sécurité européenne et un dispositif d’évaluation des fournisseurs de la future infrastructure 5G.

L’Allemagne et la France notamment, se sont penchés sur des moyens « légaux » et non répressifs d’écarter Huawei de leurs marchés. Le conseiller pour la sécurité nationale du Royaume-Uni vient par ailleurs de rendre un rapport plutôt sévère sur l’évaluation de la cybersécurité de Huawei, qui diverge d’un avis récent du Centre national de cybersécurité britannique qui estimait pour sa part que les risques que représentait le constructeur chinois étaient suffisamment contenus pour ne pas lui fermer la porte de sa 5G.

Ouverture de boutiques européennes

En Europe, Huawei porte aussi ses ambitions sur le marché des smartphones, dont il est actuellement numéro 2 mondial derrière Samsung.

Alors que les ventes de smartphones s’essoufflent en Chine, la marque compte accroître le chiffre d’affaires de ses appareils en Europe via l’ouverture de plusieurs boutiques en 2019. Il a annoncé qu’une quinzaine de magasins seraient ainsi ouverts d’ici à 2020, dont une en France, ainsi que plusieurs centres et services d’appels proposant un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Le chiffre d’affaires de l’activité smartphone de Huawei a crû de 45 % en 2018, et représente 48 % de son CA total. Le groupe, qui a bien l’intention de détrôner son concurrent coréen de la première place, multiplie les innovations produits.

Avec Samsung, il a été le premier à présenter un smartphone à l’écran pliable lors du dernier Mobile World Congress, son vaisseau amiral de la future 5G, qui devrait être commercialisé en juin prochain à 2299 €. En France, Huawei vient par ailleurs de lancer deux nouveaux modèles haut de gamme, les P30 et P30 Pro.