Une étude montre des liens étroits d’employés Huawei avec l’armée chinoise

Réalisée par un chercheur de l’université Fulbright au Vietnam et le think tank Henry Jackson Society, une étude basée sur les CV de 25 000 employés de Huawei devrait apporter du grain à moudre à la justice américaine, qui accuse le géant chinois des télécommunications d’être le cheval de Troie des services d’espionnage de Pékin.

Rapportée ce lundi par le Financial Times, cette enquête pointe du doigt des liens importants de collaborateurs de Huawei avec l’armée et les services de renseignements chinois, constatant qu’un certain nombre travaillent simultanément pour Huawei et pour différents corps affiliés à l’armée nationale.

D’autres sont spécialisés dans le hacking et la surveillance télécom, ou travaillent directement avec le ministère de la Sécurité nationale dans le cadre de leur activité chez Huawei.

Pas de preuve concrète d’espionnage mais des liens particulièrement étroits avec l’armée

S’il est monnaie courante, pour un grand groupe chinois, de recruter du personnel ayant un passé militaire, l’étude note que concernant Huawei, « les liens sont particulièrement profonds ».

L’étude n’apporte aucune preuve concrète d’agissements espions, et la base de données de cette enquête – 200 000 CV chinois - n’a pas été partagée par les chercheurs. Huawei a indiqué dans un communiqué qu’il n’avait pas été en mesure d’identifier les employés épinglés et qu’il s’évertuait à vérifier les antécédents de toute sa force de travail.

Mais elle alimente une information de Bloomberg parue la semaine dernière, qui a révélé l’existence de projets menés par des employés de Huawei avec des institutions en lien avec l’armée.

Exclusion du marché américain

Huawei, blacklistée par le département au Commerce américain depuis le mois de mai, a été exclue de facto du marché des télécoms aux Etats-Unis après que Donald Trump a adopté une ordonnance imposant au groupe d’obtenir une autorisation expresse fédérale avant de conclure des contrats commerciaux avec des entreprises américaines.

Ces sanctions sévères sont intervenues au plus fort du regain de tensions entre Pékin et Washington, quand ils ont rompu leurs pourparlers, et que les Etats-Unis, accusant leur interlocuteur d’être revenu sur un certain nombre d’engagements, ont accru le niveau de leurs sanctions douanières à l’encontre des importations chinoises.

Le dernier sommet du G20, les 28 et 29 juin, a permis aux deux parties de reprendre officiellement le cours de leurs discussions, en convenant d’une nouvelle trêve durant laquelle se sont engagées à ne pas adopter de nouvelles sanctions économiques et commerciales jusqu’à nouvel ordre. Donald Trump a promis d’alléger les restrictions pesant sur Huawei, à la demande de Xi Jinping, mais aucune précision n’a encore été apportée à ce stade sur ces allègements, et les derniers agissements de son administration ne plaident pas vraiment en faveur d’une position plus accommodante.

L’administration Trump conteste la plainte Huawei

La semaine dernière, le gouvernement américain a par ailleurs déposé une motion demandant à la justice d’ignorer une plainte déposée en mai par le groupe de télécommunications chinois qui conteste la constitutionalité législation lui interdisant depuis 2018 d’accéder au marché américain des agences fédérales et de leurs fournisseurs. Reuters rapporte que la motion a été déposée devant la Cour de Justice du district Est du Texas et qu’elle doit encore être validée par un juge.