EUR/USD : après un plus haut de deux ans, l’euro marque le pas

Le cours de l’EUR/USD cède 0,43% vers 11h à 1,1860, ayant progressivement corrigé son ascension jusqu’à 1,201 hier dans l’après-midi, un record depuis plus de deux ans.

Depuis plusieurs semaines maintenant, la monnaie unique bénéficie d’un consensus haussier face au billet vert alors que celle-ci s’est appréciée de plus de 8% en trois mois.

Les perspectives d’une récession moins sévère que prévu - en particulier aux Etats-Unis – le soutien monétaire de la Fed et le plan de relance de 750 milliards d’euros de la Commission européenne ont assuré à l’euro un rapide rebond au détriment du dollar.

La nouvelle politique de la Fed tire le dollar vers le bas

La paire EUR/USD, qui s’était déjà appréciée jusqu’à 1,1965 le 18 août, a profité mardi d’indicateurs économiques supérieurs aux attentes de l’autre côté de l’Atlantique, quelques jours après l’annonce d’une nouvelle politique de la Réserve fédérale américaine.

Davantage orientée sur le retour au plein emploi, cette inflexion de la Fed, qui consiste à autoriser ponctuellement l’inflation américaine à dépasser la barre des 2% - est surtout la promesse de taux d’intérêts durablement bas.

Depuis cette annonce, l’appétit au risque s’est aiguisé du côté des marchés américains : les indices de Wall Street – en particulier le Nasdaq et le S&P 500 – ont poursuivi leur ascension, tandis que le dollar s’est déprécié, pénalisé par le moindre attrait des investisseurs pour les valeurs-refuges.

L’EUR/USD a ainsi gagné 0,72% vendredi à la faveur d’une amélioration du sentiment économique de la zone euro, puis a progressé de 0,25% lundi avant de toucher son plus haut de 1,201 mardi.

L’EUR/USD porté par la confiance des Européens et les PMI américains

L’euro a bénéficié de prévisions de croissance réhaussées pour l’économie allemande (le gouvernement fédéral s’attend à une contraction de PIB de 5,8% en 2020 contre -6,3% pour ses précédentes projections), tandis qu’en parallèle, le billet vert a été pressurisé par la bonne surprise des PMI américains.

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L’ISM manufacturier des Etats-Unis au mois d’août a en effet largement battu les attentes : à 56, il atteint son plus haut niveau depuis le mois de novembre 2018. Les données relatives aux « nouvelles commandes » ont bondi à un plus haut de décembre 2017, un bon signal pour la reprise de la croissance américaine au 2^e semestre. Seul indicateur de l’enquête dans le rouge, l’emploi, à 46,4, a néanmoins décéléré sa contraction.

L’emploi aux Etats-Unis, catalyseur de la fin de la semaine

La pause observée ce matin s’explique en partie par des ventes au détail mitigées relevées en juillet en Allemagne, mais la semaine est loin d’être terminée pour les cambistes.

La paire EUR/USD est susceptible d’être bousculée aujourd’hui par la publication du rapport mensuel des créations d’emplois ADP aux Etats-Unis (14h15). Après 167 000 postes enregistrés en juillet, le consensus anticipe une hausse à 950 000. La fourchette des prévisions est plutôt large au sein des bureaux d’analyses : Scotiabank table sur 750 000 créations alors qu’ING parie sur 1,4 million de créations au mois d’août.

Les commandes de biens durables et à l’industrie à 16h, ainsi qu’une prise de parole de John Williams, président de la Fed de New York, animeront également la séance des chartistes cet après-midi avant la publication du Livre Beige de la Fed à

Mais le rendez-vous le plus notoire de la semaine sera la publication des NFP vendredi.

D'un point de vue graphique, 1.1901 sera un niveau clé à surveiller aujourd'hui, considère Justin Low, analyste chez ForexLive. "Si la paire se maintient au-dessus, les acheteurs devraient garder l'avantage à court terme." Mais si elle casse en dessous, le biais à cour terme deviendra plutôt neutre. "Dans l'ensemble, le niveau des 1.2 continuera probablement à offrir une résistance sévère à la paire", juge le spécialiste.

La réunion de la BCE, prochain test majeur pour l’euro

Dans l’ensemble, la majorité des analystes sont long sur l’euro à moyen terme, mais la prochaine décision de la BCE pourrait faire bouger les lignes. « Se posent désormais deux questions : jusqu'où la BCE est prête à laisser monter l’euro ? Et quel est l’impact de la hausse de la devise locale sur la perception du prix actifs européens par les investisseurs mondiaux ? », souligne Alexandre Baradez, Chief Market Analyst d’IG France dans un avis d’expert publié par BFM Bourse.

Après les annonces dovish de la Fed, la BCE, qui se réunira le 10 septembre pour sa réunion de politique monétaire de rentrée, dispose d’une bonne marge de manœuvre si elle souhaite apporter davantage de soutien à l’économie européenne – signal baissier pour la paire EUR/USD.

D’autant que l’inflation de la zone euro – tombée à -0,2% au mois d’août – s’éloigne encore un peu plus de son objectif.

Rien n’assure encore que la BCE répondra avec autant d’agressivité que ce qu’espèrent les marchés : « Lundi, une des membres de la BCE, Isabel Schnabel, a pu surprendre certains observateurs en déclarant qu’il n’était pas nécessaire de modifier la politique monétaire si l’économie évoluait selon le scénario de base et qu’elle n’était pas trop inquiète de l’évolution de l’euro sur le marché des changes », relève Alexandre Baradez. Si l’euro grimpe trop rapidement toutefois, cela « pourrait pousser l'institution à assouplir un peu la communication extérieure avant d’éventuelles nouvelles mesures. »

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