EUR/USD : l’euro en manque de carburant économique

L'euro est descendu jeudi à son plus bas niveau depuis janvier 2017 face au dollar, qui profite de son statut de valeur refuge, tandis que la livre restait fragilisée par le flou entourant encore l'issue du Brexit.

Hier, l'euro a décroché de 0,21% face au billet vert, et il est tombé cette nuit à un plus bas de 2017 à 1,0906$, un niveau plancher qu’il n’avait pas atteint depuis janvier 2017. Ce vendredi matin, la devise européenne ne rebondit que faiblement, à +0,07%, et se situe à 1,0926$. Pour sa part, la devise britannique baissait de son côté de 0,27% face à l’euro, à 0,8887£, et de 0,23% face au dollar, à 1,22293$.

Cours CFD de l’EUR/USD en septembre (données journalières)

Ce vendredi matin, la publication des données d’inflation en France et aux Etats-Unis, ainsi que l’enquête de confiance des consommateurs et entreprises de la zone euro a montré de nouveaux signes d’essoufflement de la zone euro, illustrés par le ralentissement de l’inflation et de la confiance des consommateurs.

En France, l’inflation s’est contractée de 0,3% selon les données provisoires de l’INSEE pour le mois de septembre, après une hausse de 0,5% en août. En données annuelles, le niveau de l’inflation française se situe à +1,1% contre +1,3% le mois précédent. Les dépenses de consommation des ménages sont par ailleurs ressorties flat, sous le consensus qui tablait sur une progression de +0,3%.

En Allemagne, l’indice des prix à l’importation a reculé de 0,6% au mois d’août, soit une baisse annuelle qui s’est creusée à -2,6% contre -2,1% précédemment. Celui des prix à l’exportation s’est contracté plus fortement, de 2,7% après avoir déjà décroché de 2,1% en juillet.

Fléchissement de la confiance des entreprises européennes

A l’échelle de la zone euro, l’enquête de confiance des consommateurs et des entreprises ressort en berne en septembre à 101,7 après 103,1, sous le consensus des analystes à 103. La composante des consommateurs continue de baisser à -6,5, bien que moins fortement que prévu, tandis que le climat des affaires se grippe à -0,22, alors que le consensus l’anticipait stable, à +0,11.

Si le sentiment économique du secteur des services augmente légèrement par rapport au mois dernier, celui de l’industrie décroche. Les résultats de l’enquête ne sont pas une surprise, alors que les PMI de l’Allemagne et de la France pour le mois de septembre sont ressortis particulièrement mauvais.

Ajoutés au fléchissement de la croissance européenne, les incertitudes du Brexit et les rendements historiquement bas des obligations d’Etat renforcent l’intérêt des investisseurs pour les valeurs refuge. Et malgré la procédure d’impeachment engagée contre le président des Etats-Unis, la relative solidité de l’économie américaine – en croissance de 2% au 2^e trimestre - continue de rendre le billet vert particulièrement attractif. En parallèle, la monnaie européenne s’apprécie face à une livre fragilisée par le contexte politique du Royaume-Uni.

La livre fragilisée par le casse-tête du Brexit

Après la reprise des travaux du Parlement britannique, dont la suspension a été jugée illégale cette semaine par la Cour Suprême, la Chambre des communes s’est opposée jeudi à cesser de siéger lors du congrès du parti conservateur de Boris Johnson, soulignant une nouvelle fois le bras de fer qui se livre entre les députés et le Premier ministre britannique.

Alors que la date limite du Brexit se rapproche, les négociations de Londres avec Bruxelles semblent au point mort. Négociateur pour l’Union européenne, Michel Barnier doit rencontrer aujourd’hui son homologue britannique Stephen Barclay. Il a déclaré hier qu’il attendait toujours de la part de ce dernier une « proposition légale et opérationnelle » pour parvenir à un accord de sortie.