FTSE 100 : Londres reprend son souffle sur la flambée expresse du pétrole et un tweet de Donald Trump
A près de 6,5 millions, le nouveau record historique des inscriptions hebdomadaires au chômage des Etats-Unis, puis un tweet de Donald Trump, ont entraîné une nouvelle séance mouvementée pour les bourses européennes, marquée par l’explosion des cours du pétrole dans l’après-midi.
Publié en début d’après-midi, le nombre de nouveaux inscrits au chômage, beaucoup plus élevé que ce qu’anticipait la moyenne des analystes à Wall Street – située à environ 3,5 M, augurait d’une séance dans le rouge alors que les Etats-Unis ont enregistré ainsi 10 millions de personnes au chômage, ce qui représente environ 3% de la population du pays.
Trump s’avance sur une baisse de production de 10 millions de bpj de la part de Riyad et Moscou, le pétrole flambe
Mais la vapeur a été inversée par une intervention du président des Etats-Unis sur Twitter assurant avoir échangé avec le prince saoudien MBS qui lui-même s’est entretenu avec Vladimir Poutine. Donald Trump « attend et espère qu’ils couperont [leur production de pétrole] d’environ 10 millions de barils par jour, et peut-être significativement plus ».
Cette annonce a fait flamber d’un coup les cours du pétrole ont bondi de près de 29% pour le WTI américain, avec un pic à 27,53$, pour ensuite retomber en progression de plus de près de 20%, restant au-dessus des 25$. Le Brent progresse de 15,8% à 29,64$.
Quelques minutes après le tweet de Trump, l’Arabie Saoudite a publié un communiqué appelant à une réunion d’urgence de l’Opep+ « pour soutenir l’économie mondiale […] à la demande du président des Etats-Unis. » Mais les négociations ne semblent que commencer. L’attaché de presse de Vladmir Poutine, Dimitri Peskov a déclaré « qu’aucune discussion concernant un potentiel nouvel accord sur le pétrole pour remplacer l’Opep+ » n’a débuté.
A Londres, le FTSE 100, qui avait enregistré jusqu’à 0,8% de baisse en séance, rebondit ainsi de plus de 1,1% à 5475 points à quelques minutes de la fermeture des marchés. L’indice est porté par la reprise de la bourse de New York, où le Dow Jones et le S&P 500 grimpent respectivement de 1,5% et de 1,3%.
L’action Carnival en chute libre
Sans surprise, ce sont les compartiments de l’énergie, du tourisme et de l’aérien ainsi que les valeurs bancaires qui enregistrent les plus fortes baisses. Une poignée de valeurs souffre plus particulièrement :
Lanterne rouge de la séance, Carnival PLC (LSE), le géant américain des croisières touché de front par le coronavirus, flanche de plus de 19%, après avoir annoncé qu’il prolongeait d’un mois la suspension de son activité et la levée de 6 milliards de dollars sur le marché de la dette et des actions. D’après des données compilées par Crédit Suisse, la société, également cotée à Wall Street, est l’une des trois plus importantes déficitaires de cash-flow du S&P 500, avec une trésorerie négative de plus de 8,2 milliards.
Enregistrée au Panama, elle ne pourra pas compter ni sur les aides d’Etat américaines, ni sur celles anglaises, rapporte Geoffrey Smith, d’Investing.com, et doit honorer près de 3 milliards d’échéance de dette d’ici à la fin 2021.
Autre important repli de la journée : celui de l’action Rolls-Royce, qui se contracte de plus de 11% après une dégradation de BoA sur le titre à « sous-performance » avec un objectif de cours abaissé à 240 pence. Le motoriste britannique est pénalisé des craintes relatives à son free cash-flow dont la chute attendue cette année pourrait lui coûter une dégradation de sa note de crédit.
Rebond des valeurs pétrolières
La compagnie d’assurance Standard Life Aberdeen, l’énergéticien Centrica, et la maison d’édition scientifique Informa PLC figurent parmi les autres baisses les plus importantes du FTSE 100 jeudi, dans une fourchette comprise entre -7,5% et -9,2%.
A l’opposé, Royal Dutch Shell, en hausse de plus de 7,6%, profite du rebond du pétrole. BP en profite aussi, à +4,4%, tandis que Hikma Pharmaceuticals PLC gagne 4,37% grâce à une hausse de recommandation de JPMorgan à « surpondérer » après que la justice américaine a donné son feu vert à la potentielle commercialisation d’un générique du Vascepa, un antidiabétique. Le fabricant a vu son cours bondir de près de 20% depuis le début de la crise du coronavirus.
Soumis à une intense volatilité depuis plusieurs semaines, le Footsie a perdu plus de 17% sur un mois glissant et près de 28% depuis le début de l’année, ayant ainsi effacé tous les gains de la période 2019. A l’instar des autres places financières européennes, les perspectives de l’indice restent otages de l’évolution de la pandémie de coronavirus.
Boris Johnson promet de doubler le nombre de tests au Covid-19
Critiqué pour le faible nombre de tests de coronavirus pratiqués sur la population britannique, le Premier Ministre Boris Johnson a indiqué aujourd’hui que le gouvernement allait « accroître massivement le nombre de tests », principal « moyen de nous sortir du casse-tête du coronavirus et de battre » la maladie. Alors que l’Allemagne procède au dépistage de 500 000 personnes par semaine, le Royaume-Uni n’en pratique que 12 750 par jour. Il promet d’en doubler le rythme d’ici à la fin du mois.
« Ce que nous devons faire, c’est une campagne massive de tests non seulement pour déterminer si vous êtes malades mais afin que vous puissiez également savoir si vous avez été contaminés par le passé – avec des tests anticorps – ce qui vous permettra de retourner travailler avec la certitude que vous n’êtes ni infecté, ni infectieux », a déclaré Boris Johnson. « D’autre part, les citoyens doivent savoir s’ils ont été infectés plutôt que de rester chez eux sans raison, ce qui est particulièrement important pour les employés du National Health Service », a-t-il précisé.
A la date du 1er avril, le Royaume-Uni comptabilisait 29 474 personnes positives au coronavirus, dont 2921 décédées, passant pour la première fois le cap des 500 morts en 24h. Parmi les victimes, un enfant de 13 ans sans antécédents médicaux apparents a succombé à la maladie.
Une gestion de crise cacophonique
Si le gouvernement a vite réagi à l’arrivée du coronavirus sur le plan économique via une enveloppe d’urgence de 370 milliards de livres, il a tardé à adopter des mesures de confinement de la population. Ayant d’abord défendu une stratégie « d’immunité collective » très critiquée, Boris Johnson a mis un terme à son discours relativiste après les résultats d’une modélisation scientifique de la courbe du virus – montrant un scénario noir de 500 000 décès.
Au final, Londres ne s’est confinée qu’une semaine après la mise en quarantaine de la population française (pour sa part déjà considérée comme tardive). Quelques jours plus tard, le chef du gouvernement conservateur a d’ailleurs été déclaré positif au coronavirus, le contraignant depuis à gérer les affaires du pays cloîtré à Downing Street.
Comme en France, les services de santé britanniques manquent cruellement d’équipements de protection, de tests, et de personnel. A ces lacunes s’ajoute l’inexpérience de son industrie dans la fabrication de respirateurs, et le manque de respect de la quarantaine d’une partie de la population, selon les témoignages de plusieurs médias.
Malgré d’énergiques et généreuses mesures économiques, le Royaume-Uni devrait souffrir très fortement de la crise, les différents cabinets d’analyse anticipant une récession plus importante qu’en 2008-2009, lorsque la croissance avait chuté de 0,3%, puis de 4,25%.
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