Indices boursiers américains…fin du « Trump Trade » ?

Un rebond de la nervosité qui s’est surtout dessiné en fin de semaine après une série de publications macroéconomiques moins bonnes qu’attendues, soulevant des questions sur l’état de forme des consommateurs américains.

On se souvient, il y a quelques jours, que les ventes au détail aux Etats-Unis ont connu leur plus fort repli en deux ans, avec une baisse de 0.9% en janvier. Vendredi, c’est la forte révision à la baisse de l’indice de confiance des consommateurs américains (mesuré par l’Université du Michigan et ressorti à 64.7 contre 67.8 lors de la première publication) qui a soulevé de nouvelles interrogations. C’est l’indice de confiance le plus faible depuis novembre 2023.

Et dans cette même étude, il ressort également que l’anticipation d’inflation long-terme des consommateurs américains a bondi à son plus haut niveau depuis…1995 ! A 3.5% sur un horizon de 5 à 10 ans, c’est l’anticipation la plus élevée en 30 ans. Alors bien sûr, les réponses dans cette étude ne sont pas les même selon que l’on sonde les consommateurs Démocrates ou Républicains, les consommateurs Démocrates étant logiquement plus craintifs des effets inflationnistes des nouvelles politiques commerciales menées par l’administration Trump… Mais les consommateurs des deux camps politiques sont sondés dans chaque étude, et depuis des années, par l’Université du Michigan.

Et les craintes qui ressortent de cette étude ne sont pas incompatibles avec la trajectoire de l’indice PMI Services, également publié vendredi dernier. On peut clairement parler de douche froide : l’indice est entré en zone de contraction, à la surprise générale. Ressorti à 49.7 alors que le consensus tablait sur 53.0 ! Et le repli des l’indice est particulièrement marqué ces deux derniers mois, passant de 56.8 en décembre à 49.7 ce mois-ci…

La lune de miel semble consommée et le « Trump Trade » a désormais du plomb dans l’aile sur les marchés. Les fortes incertitudes commerciales pèsent sur le sentiment des entreprises américaines, et le nombre de mentions du mot « tarrifs » dans les publications trimestrielles des entreprises n’a jamais été aussi élevé depuis 2018.

Evidemment, ce n’est pas parce-que les consommateurs craignent une nouvelle accélération des prix, qu’elle interviendra forcément. Mais cela génère une incertitude qui peut impacter la consommation. Sans oublier que l’absence de nouveaux progrès réalisés sur le front de l’inflation ces derniers mois par la Fed, et les incertitudes sur la trajectoire budgétaire américaine, maintiennent les taux américains à un niveau élevé, donc avec un impact sur les conditions de crédit pour les consommateurs.

Les « surprises économiques » sont un peu moins bonnes depuis quelques semaines aux Etats-Unis et la journée de vendredi dernier en est l’illustration. Une journée du type « bad news is bad news », à laquelle s’est ajoutée un chiffre des ventes de logements existants inférieur aux attentes.

Ces chiffres macroéconomiques américains ont eu pour effet de détendre un peu les taux longs américains…mais cela n’a pas été d’un grand soutien aux marchés actions, qui ont plutôt vu dans ces chiffres les risques d’un ralentissement de la consommation et de l’activité aux Etats-Unis dans les mois qui viennent.

Ce rebond de la volatilité sur les indices boursiers américains pourrait bien persister dans les jours qui viennent, avec un impact possible sur le sentiment sur les places européennes.