Marchés financiers et coronavirus : la situation au 30 janvier 2020

Update - ouverture de la bourse de Paris

L’épidémie de coronavirus s’est accélérée cette semaine et son ampleur a dépassé celle du SRAS en 2013. La Chine fait état ce jeudi matin de 7771 cas sur son territoire, et d’au moins 170 victimes. La situation sanitaire dépasse largement les frontières de l’Empire du Milieu alors qu’une vingtaine de pays rapportent également plus de 80 personnes infectées. La France a confirmé hier soir une cinquième personne contaminée.

Hier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé « le monde entier à agir face au coronavirus ». Elle tiendra aujourd’hui une nouvelle réunion de crise pour déterminer ou non une « urgence de santé publique à caractère international ».

La situation n’est pas sans conséquences pour les marchés financiers. En Chine, les places boursières, qui devaient rouvrir vendredi après les festivités du Nouvel An Lunaire, ne rallumeront les lumières qu’à partir du 3 février. Et les opérateurs sont particulièrement inquiets sur les gaps baissiers dont ils pourraient faire l’objet à la reprise. Rouverte aujourd'hui, celle de Taiwan a débuté en repli de plus de 5,75%. Le Hang Sen à Hong Kong est en baisse de 2,7% vers 8h45 heure française.

Hier soir, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell s’est déclaré préoccupé par ce « problème très grave ». S’il est « encore trop tôt pour en mesurer les effets, il y aura clairement des conséquences, au moins à court terme, en Chine, et probablement à l’international », a-t-il expliqué. Selon un économiste chinois interrogé par Reuters, l’épidémie pourrait amputer d’un à cinq points la croissance du pays au premier trimestre.

La bourse de Tokyo décroche

Ce matin, la bourse de Tokyo a chuté de 1,72%, à son plus bas niveau depuis novembre 2019, tandis que le yuan offshore est tombé sous les 7 face au dollar pour la première fois cette année. L’EUR/USD est en légère hausse à 1,1011$ tandis que l’once d’or profite d’une situation générale de risk off, au-dessus des 1580 dollars vers 8h45.

Le CAC 40 enregistre une violente baisse ce matin dans les premiers échanges, en repli de 1,1% vers 9h05 à 5861 points, malgré une décision de politique monétaire relativement accommodante hier soir. Wall Street a terminé globalement stable hier soir.

La bourse de New York sera partagée aujourd’hui par le spectre du coronavirus et la réunion d'urgence de l'OMC, les excellents résultats de Tesla – qui a grimpé de 13% en post-market hier soir – la déception a contrario de ceux de Facebook – qui a décroché de 7% dans les échanges après bourse – sanctionné pour avoir enregistré son rythme de croissance le plus bas de son histoire, mais également la publication des premières estimations du PIB américain au 4^e trimestre à 14h30.

L’automobile, un secteur très implanté à Wuhan

Face à l’accélération du coronavirus, le confinement d’une partie du territoire chinois et les risques de propagation paralysent de nombreuses multinationales, en particulier les secteurs de l’automobile, particulièrement implantée dans la région de Wuhan, épicentre de la contamination, de l’aérien, et du luxe, dont l’activité est très sino-dépendante.

Un ensemble de compagnies aériennes ont annoncé ces dernières 24h, la suspension de leurs vols vers la Chine. Parmi elle, Lufthansa, qui a interrompu l’intégralité de ses vols, et dans une moindre mesure Air France, qui a suspendu la desserte de Wuhan, et réduit le nombre de vols à destination de Pékin et de Shanghai. « En raison de la baisse de la demande sur ces destinations, Air France ajuste son programme de vols et opérera un vol quotidien vers Shanghai et Pékin à compter du vendredi 31 janvier 2020 », a précisé hier la compagnie par voie de communiqué.

Les constructeurs et équipementiers automobiles PSA, Renault, Valeo et Plastic Omnium compte des usines à Wuhan, où ils emploient chacun entre 600 et 2000 personnes. La Dépêche du Midi rapporte ce matin que les 4 expatriés de Plastic Omnium et les 38 de PSA doivent être rapatriés en France dans les prochains jours, et que Renault discute actuellement avec le Quai d’Orsay pour organiser le retour de ses employés français. Pour sa part, Valeo compte « très peu d’expatriés » dans ses sites de productions de Wuhan.

Suez et Sanofi dispose également de sites sur place, sans expatriés.

LVMH a une boutique Louis Vuitton sur place. Pour l’heure sa fermeture n’inquiète pas Bernard Arnault.

Le coronavirus déjà pris en compte dans les projections d’Apple

Le sous-traitant d’Apple, Foxconn a prié ses employés partis à Taiwan pour le Nouvel An Lunaire de ne pas rentrer à Wuhan, en Chine, épicentre de la contamination au coronavirus où se trouve l’un de ses sites de production, et demandé à ses employés de rester chez eux jusqu’au 10 février.

D’après la Nikkei Asian Review, environ 5 millions d’emplois dépendent d’Apple en Chine. La firme américaine emploie 10 000 personnes dans le pays, où 90% de ses produits sont assemblés. Si ses activités de centres de données devraient être peu affectées par la situation, ses ventes en boutique devraient souffrir du confinement d’une partie de la population – Apple ayant par ailleurs réduit les horaires d’ouverture de ses magasins en Chine continentale.

Tim Cook, qui a présenté les résultats financiers de son entreprise hier, a indiqué avoir pris en compte les potentielles conséquences du coronavirus dans ses projections de résultats pour le trimestre en cours (entre 63 et 67 millions de dollars).

Alphabet (Google) a annoncé la fermeture temporaire de ses quatres bureaux en Chine. Ikéa a baissé le rideau hier de la moitié de ses 30 magasins sur le territoire, après avoir d'abord fermé son magasin de Wuhan la semaine dernière. Enfin, Mac Donald's a stoppé l'activité d'une centaine de ses réstaurants situés dans la province de Hubei.